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Cet hiver, d’intrigantes lueurs rouges émanaient chaque matin de la serre d’agrumes de Vicky Vaillancourt. Un phénomène surnaturel? Plutôt un lever de soleil japonais format miniature rendu possible par une jeune entreprise québécoise.
La propriétaire d’O’Citrus, une division de la Ferme Vaillancourt à Laval, allume depuis son application cellulaire les douze luminaires multicolores suspendus au-dessus des arbres produisant yuzus, mains de Bouddha, kuats, limes keffir et autres agrumes exotiques qui poussent naturellement à l’autre bout du Pacifique. Aussitôt, on est ébloui par cette vive lumière, qui n’est pas sans rappeler celle du soleil.
Avec l’aide de ces luminaires DEL capables de générer l’ensemble des couleurs du spectre lumineux, Vicky Vaillancourt souhaite reproduire le cycle et l’intensité lumineuse que reçoit le Japon en saison de croissance afin d’améliorer sa production d’agrumes. « Ces arbres se trouvent en serre depuis 15 ans. Ils produisent des fruits, mais tombent en dormance l’hiver par manque de lumière, explique-t-elle. D’où l’hypothèse : si je leur donne la bonne lumière, est-ce que je peux écourter leur cycle de production? »
Un processus long
Depuis janvier, la productrice met à l’essai ces nouveaux luminaires DEL dotés de micro-ordinateurs, conçus et assemblés par la jeune entreprise québécoise Sollum. Les jours où la luminosité naturelle est plus faible, elle sélectionne les couleurs, l’intensité et la période d’éclairage des luminaires de façon à recréer à petite échelle les cieux nippons. « Cet hiver, j’ai pu mettre un peu plus de rouge en début de journée pour reproduire le lever de soleil et en fin d’après-midi, je les partais pour rallonger mes journées », raconte la serricultrice.
O’Citrus étant l’une des rares fermes dans le monde à faire pousser des agrumes en serre avec des lumières artificielles, Vicky Vaillancourt procède par essais et note ses observations en vue d’atteindre son but. « La floraison arrive à l’hiver pour une récolte à l’automne. C’est un processus long. J’ai mis des arbres sous luminaires et d’autres sous lumière naturelle pour les comparer. À date, ça va bien. J’ai eu une belle période de floraison, mais je pourrai tirer mes conclusions à l’automne. »
La productrice a également profité de la construction d’une nouvelle serre pour tester l’effet des nouveaux luminaires sur ses semis. « J’ai vu une grosse différence, surtout au niveau de l’enracinement, qui a été plus rapide. J’ai parti mes semis de concombres et de tomates. Je n’ai jamais eu des plantes aussi vertes, très en santé. Aussi, mes plantes ornementales ont pris des couleurs intéressantes : les feuilles rouges sont devenues roses et les verts sont plus éclatants », affirme-t-elle, tout en admettant que les nouvelles installations aient pu également jouer un rôle positif dans ces résultats.
Plus de flexibilité aux producteurs L’entreprise Sollum, qui a jusqu’à présent mené une dizaine de projets-pilotes au Québec et en Ontario, souhaite donner naissance à une petite révolution dans le monde de la production en serre avec son invention. « L’éclairage, c’était à peu près le seul paramètre qu’on ne pouvait pas contrôler, souligne Louis Brun, président-directeur général de la jeune entreprise. [Notre] solution permet de générer les cycles naturels de lumière de toutes les régions du monde et de toutes les saisons selon les besoins du producteur, qui pourra à son tour ajuster l’éclairage. Les possibilités sont infinies. » Selon Sollum, cette technologie permettra de raccourcir les périodes de croissance de 10 à 40 % selon les variétés, d’améliorer leur pigmentation et leur concentration en nutriments et d’amener des gains énergétiques par rapport aux systèmes d’éclairage traditionnel. L’entreprise, qui a complété début juin sa seconde ronde de financement notamment avec une aide de 1 M$ d’Investissement Québec, passera à l’étape de précommercialisation avec un déploiement de 1 800 luminaires dans la province et de 4 000 luminaires en Ontario cette année. |