Régions 1 avril 2020

Livraison des semences perturbée en région éloignée

Le producteur laitier Michel Robert, également distributeur d’intrants agricoles en Abitibi-Témiscamingue, a l’habitude de partager avec l’industrie forestière les coûts de transport des semences acheminées de Montréal vers son centre de distribution.

« Les camionneurs partent de notre région avec des voyages de bois de sciage qu’ils livrent à Montréal et au retour [pour éviter de payer un voyage vide], les camions reviennent avec mes intrants agricoles », explique-t-il.

Or, malgré le fait que l’industrie forestière soit considérée par Québec comme un service essentiel, elle verra ses activités ralentir au cours des trois prochaines semaines en raison d’un affaiblissement de la demande, explique Karl Blackburn, porte-parole de Produits forestiers Résolu. Pour cette raison, Michel Robert s’attend à voir un ralentissement des livraisons d’intrants agricoles en provenance du sud de la province.

S’il devait assumer seul les coûts de certaines livraisons, il paierait le gros prix. « Un aller-retour, ce sera 2 500 à 3 000 $ au lieu de 1 200 $ habituellement », souligne-t-il. Michel Robert promet de repousser au maximum le moment où il devra refiler la facture à ses clients. 

Une pratique courante

Tous les intervenants contactés par La Terre soutiennent que le partage des frais de transport de marchandises agricoles avec l’industrie forestière est une pratique courante dans les régions éloignées. Au Bas-Saint-Laurent, la hausse des tarifs était déjà observée au moment de mettre le journal sous presse. « Les transporteurs trouvent ça dur de devoir monter les prix, mais s’ils veulent être capables de continuer, ils y sont contraints », souligne le président de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, Gilbert Marquis.

Pour éviter de monter ses prix, Dave Labry, de Transport Landry à Sainte-Luce, a réorienté ses opérations de livraison de matériaux de construction, considérées comme un service non essentiel par Québec, vers celles de bois d’œuvre et de palettes de bois destinées au domaine alimentaire. De cette façon, les camions continuent de se rendre à Montréal et à Toronto et reviennent dans la région avec des marchandises, parfois agricoles.