Vie rurale 6 avril 2020

Quand l’aide vient des airs pour le contrôle des insectes

Par souci de l’environnement, des maraîchers et des vignerons du sud du Québec font désormais appel à des oiseaux et à des chauves-souris pour contrôler les insectes ravageurs. En installant des nichoirs dans leur ferme, ils favorisent le retour d’espèces en déclin qui leur rendent en contrepartie un précieux service.

D’ici quelques semaines, Yan Gordon verra virevolter plusieurs couples d’hirondelles bicolores au-dessus des Potagers des nues mains, à Sutton, en Montérégie. « Je suis content de voir revenir les hirondelles au printemps. L’espèce est en déclin, et en tant qu’agriculteur, contribuer au maintien de la biodiversité est encourageant. »

Depuis que ce producteur maraîcher a fait installer une vingtaine de nichoirs pour hirondelles bicolores et merles bleus de l’Est ainsi que deux dortoirs pour chauves-souris sur sa terre il y a quatre ans, il perçoit une baisse de la pression d’insectes ravageurs comme la teigne du poireau, la pyrale du maïs et le doryphore. « D’autres facteurs ont peut-être contribué à cette amélioration, mais une chose est sûre : les oiseaux passent leur journée à survoler mon champ, surtout avant le coucher du soleil. J’utilise beaucoup moins de pesticides qu’avant. »

Tristan participe depuis trois ans à l’atelier de menuiserie de l’organisme Pleins rayons, qui s’adresse à des jeunes atteints d’une déficience intellectuelle ou d’un trouble du spectre de l’autisme. Photo : David Riendeau / TCN
Tristan participe depuis trois ans à l’atelier de menuiserie de l’organisme Pleins rayons, qui s’adresse à des jeunes atteints d’une déficience intellectuelle ou d’un trouble du spectre de l’autisme. Photo : David Riendeau / TCN

Grâce à l’initiative d’un organisme de Cowansville, plus de 600 nichoirs ont été aménagés chez près d’une vingtaine de producteurs en Estrie et en Montérégie ces cinq dernières années. Le Vignoble de L’Orpailleur à Dunham s’en est procuré 90 à lui seul. L’un des propriétaires, Charles-Henri de Coussergues, note lui aussi une diminution des insectes nuisibles dans ses vignes. « Dans un esprit d’agriculture raisonnée, il était important pour nous d’avoir une population d’oiseaux insectivores sur le vignoble et ç’a été un grand succès. Ils font partie d’une stratégie avec d’autres mesures, comme l’installation d’herbes entre les rangs qui attirent certains insectes prédateurs. » Le vigneron ajoute du même souffle que presque aucune utilisation d’insecticides n’a été nécessaire ces deux dernières années. 

Une initiative à valeur sociale

La fabrication de ces nichoirs à oiseaux et dortoirs à chauves-
souris est assurée par Pleins rayons, un organisme d’intégration professionnelle et sociale de Cowansville, en Montérégie. Celui-ci met à contribution des jeunes atteints d’une déficience intellectuelle ou d’un trouble du spectre de l’autisme qui apprennent ainsi la menuiserie. Les participants assurent également l’installation et l’entretien des structures. « C’est très valorisant pour ces jeunes de voir que la nature reprend ses droits grâce à leur travail », souligne Stéphan Marcoux, directeur général. Les jeunes de Pleins rayons ont encore beaucoup de pain sur la planche puisque 200 nichoirs à oiseaux sont en commande pour ce printemps.