Élevage 25 mars 2020

Mise en garde contre l’idée d’utiliser les vaccins disponibles à la ferme

Les médias sociaux ne dérougissent pas de commentaires sur le coronavirus et, à ce sujet, des agriculteurs ont publié des commentaires humoristiques sur Facebook disant que si la situation empirait, ils pourraient employer les fioles de vaccins contre le coronavirus qu’ils détiennent déjà à la ferme.

Le médecin vétérinaire Paul Baillargeon, qui œuvre pour les Producteurs de bovins du Québec, affirme qu’il s’agit d’une très mauvaise idée d’utiliser un vaccin contre le coronavirus, que ce soit pour inoculer ses animaux, ou pire, pour immuniser l’humain contre la COVID-19. « Les vaccins qu’on retrouve à la ferme sont conçus pour prévenir la diarrhée chez les veaux causée par certaines souches de coronavirus, de rotavirus, etc. Ce sont des vaccins qui existent depuis un moment et qui ne sont aucunement efficaces contre cette toute nouvelle souche de coronavirus qu’est la COVID-19 », explique M. Baillargeon.

Les fioles de vaccins contre le coronavirus déjà présentes à la ferme ne sont d’aucune utilité contre la nouvelle souche responsable de la maladie COVID-19.
Les fioles de vaccins contre le coronavirus déjà présentes à la ferme ne sont d’aucune utilité contre la nouvelle souche responsable de la maladie COVID-19.

Non seulement ces vaccins n’offriront aucune protection contre le coronavirus, mais ils pourraient s’avérer réellement dangereux puisqu’ils n’ont jamais été testés chez l’humain. « C’est comme jouer à la roulette russe », illustre le médecin-vétérinaire. Cet avertissement de ne pas utiliser un vaccin pour animaux chez l’humain peut paraître loufoque, mais M. Baillargeon se souvient d’avoir déjà croisé la route d’un producteur qui avalait un antibiotique contre la mammite des vaches pour soigner un rhume.

« Ne trustez personne »

Le médecin vétérinaire Paul Baillargeon, qui connaît très bien les virus et la famille des coronavirus, conseille aux agriculteurs qui doivent continuer à rencontrer des gens dans le cadre de leur travail de ne « truster personne ». Celui qui a déjà œuvré pour une compagnie pharmaceutique mentionne que la transmission de microgouttelettes entre humains est évidemment le moyen de transmission numéro un du virus. Il précise toutefois que selon les informations qu’il détient, près de 80 % des gens actuellement infectés ou qui le seront ne présentent pas de signes cliniques suffisamment sévères pour attirer l’attention. En d’autres mots : une personne peut être infectée sans le savoir et en contaminer une autre, ou même transmettre le virus à ses propres parents, par exemple, et entraîner leur mort. « Il faut agir comme si chaque personne était infectée. On ne le répétera jamais assez, la clé, c’est la distanciation » assure-t-il. 

M. Baillargeon ajoute que la transmission de la COVID-19 de l’homme aux animaux d’élevage est peu probable, mais il recommande aux personnes symptomatiques de n’entrer en contact avec qui que ce soit, y compris les animaux.