Élevage 4 janvier 2020

Alain Bouffard investit dans le chaînon manquant

Alors que de nombreux producteurs bovins se sont cassé les dents dans le secteur de l’abattage, Alain Bouffard n’hésite pas à se lancer dans cette industrie aux marges de profit parfois bien maigres.

L’agriculteur, qui possède un élevage bovin de plusieurs centaines de têtes, a récemment investi dans l’Abattoir Lamarche, de Racine, en Estrie. Construite en 2008, l’usine était fermée depuis plus d’un an. « Ça faisait plusieurs années que j’avais en tête d’investir dans l’abattage. Je ne dois pas être assez peureux », plaisante l’éleveur et homme d’affaires. Il a attendu la bonne occasion, qui s’est présentée sous la forme d’un partenariat avec la famille Lamarche, « des gens avec un bon bagage dans le domaine de l’abattage ».

Pour Alain Bouffard, qui commercialise la viande de son troupeau dans ses trois boucheries de l’Estrie, cette transaction vient attacher le dernier maillon qui manquait à sa chaîne de production.

En Estrie, l’entrepreneur note le besoin criant d’abattoirs « à forfait ». « Il y a parfois un à deux mois d’attente pour faire abattre un animal », témoigne-t-il.

Dans cette région, au moins deux établissements ont cessé leurs activités au cours des dernières années. En effet, Les Viandes Laroche ont fermé leurs portes en 2015. Puis, l’Abattoir Rousseau, de Lingwick, a été détruit par un incendie en 2017.

La famille Bouffard possède trois boucheries Face de bœuf en Estrie.
La famille Bouffard possède trois boucheries Face de bœuf en Estrie.

Réouverture

Dorénavant sous inspection provinciale, l’Abattoir Lamarche a subi plusieurs modifications dans le but de transformer des bovins, des porcs, des agneaux et différents gibiers. Quelque 300 000 $ y ont été injectés « pour le mettre au goût du jour », précise M. Bouffard. L’usine a redémarré cet automne et fournit de l’emploi à près de 10 personnes. L’entreprise offre actuellement le service d’abattage à forfait. Une salle de découpe devrait suivre afin de desservir davantage de boucheries locales, explique l’entrepreneur.

Ferme Bouffard et Cie

Avec ce nouveau projet, Alain Bouffard vient diversifier son empire agricole. La Ferme Bouffard et Cie possède 700 vaches de boucherie et engraisse de 400 à 500 bouvillons « sans hormones » par année. L’éleveur utilise des croisements avec les races Charolais, Angus et Hereford. À cela s’ajoutent les trois boucheries Face de bœuf situées à Sherbrooke, Rock Forest et Ayer’s Cliff. Finalement, les Bouffard exploitent aussi une importante production de foin de commerce. Ils exportent quelque 500 000 balles aux États-Unis. Au total, les différents volets de l’entreprise comptent une soixantaine d’employés.

Pour l’homme habitué à jongler avec plusieurs chapeaux, le secret du succès réside dans la famille. Sur les 12 enfants d’Alain et de son épouse Pauline, 10 vivent de l’agriculture. Quarante-six petits-enfants s’ajoutent au clan dont « plusieurs commencent à aimer l’agriculture », ajoute le fier grand-papa.