Politique 5 septembre 2019

Un bilan mitigé pour les libéraux

Les quatre années de l’actuel gouvernement libéral ont été marquées par les relations commerciales internationales. À ce chapitre, les résultats s’avèrent différents selon les secteurs de l’agriculture. La Terre a donc tenté de dresser le bilan agricole des années Trudeau.

L’un des éléments marquants du mandat libéral pour le secteur agricole demeure la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain, rebaptisé l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Tout comme le Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), l’ACEUM écorche les productions sous gestion de l’offre. Ces deux ententes sont néanmoins positives pour les productions qui font de l’exportation, nuance le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau. À l’opposé, l’Accord économique et commercial global (AECG) avec l’Union européenne, négocié par les conservateurs et ratifié par l’actuel gouvernement, s’est révélé « à sens unique ». « En somme, on n’a pas accès au marché européen », souligne M. Groleau.

En dépit de la promesse d’assurer un meilleur contrôle des importations, faite par les libéraux lors de la campagne électorale de 2015, le président de l’UPA ne remarque aucune amélioration au cours des quatre dernières années. « De façon générale, le Canada ne fait pas appliquer ses normes aux produits importés. C’est une note négative, et ce, depuis plusieurs gouvernements », résume M. Groleau.

Impact de la Chine

Le mandat du gouvernement Trudeau se termine sur fond de relations internationales houleuses avec la Chine. Depuis plusieurs mois, les autorités chinoises multiplient les représailles à l’endroit des exportations canadiennes de porcs et de grains. Ces secteurs encaissent des pertes de plusieurs centaines de millions de dollars et réclament le soutien du fédéral. Les producteurs de lait ont eu plus de succès puisque Ottawa a dévoilé le 16 août son programme de compensations pour les pertes liées à l’AECG et au PTPGP. La Fédération canadienne de l’agriculture (FCA) espère aussi que le gouvernement fédéral « reconnaîtra les effets dévastateurs que les mesures commerciales ont sur d’autres secteurs et interviendra pour leur accorder un soutien équivalent ».

D’ailleurs, malgré les déficits cumulés par l’administration Trudeau au cours de son premier mandat, le budget destiné à l’agriculture est demeuré pratiquement le même. « La vraie déception, c’est qu’on n’a pas augmenté les budgets consacrés à la gestion des risques, note Marcel Groleau. L’agriculture n’a pas été une priorité pour ce gouvernement. »

La FCA insiste également « sur des réformes immédiates de l’ensemble des programmes de gestion des risques des entreprises agricoles afin que les producteurs bénéficient du soutien fiable dont ils ont besoin en ces temps difficiles » en ce qui a trait au commerce international.

Une ministre du Québec

Sur une note plus positive, en février, le premier ministre a nommé Marie-Claude Bibeau à la tête d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Elle est ainsi devenue la première élue du Québec depuis Joseph-Aldéric Ouimet en 1895 de même que la première femme à diriger ce ministère. Sa nomination a été saluée par la classe agricole, après des années de présence timide de son prédécesseur, Lawrence MacAulay. Puis, en juin, le gouvernement a lancé une première politique alimentaire, baptisée Tout le monde à table! D’ici au déclenchement de la campagne, au plus tard le 15 septembre, deux dossiers d’importance demeurent en suspens, soit la ratification de l’ACEUM et l’annonce de compensations pour cette dernière entente. 

Les attentes de l’UPA

L’UPA compte profiter de la campagne pour réclamer des investissements en agroenvironnement ainsi qu’un soutien agricole minimalement comparable à celui en place aux États-Unis et dans les autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Des améliorations au Programme des travailleurs étrangers temporaires et une fiscalité qui soutient le transfert des entreprises agricoles sont également attendues, explique le président de l’Union, Marcel Groleau. Son organisation accueillera en ses murs les représentants des différents partis politiques le 25 septembre.

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