Actualités 9 septembre 2019

Invasion de capteurs aux champs

Avec la population qui ne cesse d’augmenter, les producteurs doivent produire plus et mieux. Voilà pourquoi les capteurs ont envahi le paysage agricole. Bienvenue dans l’ère de l’agriculture 4.0! 

On retrouve ces capteurs entre autres dans les champs et sur la machinerie lourde pour analyser les propriétés du sol et ainsi mesurer l’impact des méthodes de culture sur la croissance des plantes.

À chaque paramètre son capteur

Les capteurs fixes, placés à proximité des plantes ou entre les rangs, prennent des mesures dans le sol sur une parcelle précise de terrain pour une période de temps donnée. Les capteurs mobiles, installés sur un véhicule agricole, scannent quant à eux la totalité d’un champ pour en estimer la quantité de biomasse.

Alors que les producteurs jonglent avec la multitude de données recueillies par ces nombreux capteurs – ce qui représente tout un défi de gestion –, l’équipe du professeur Viacheslav Adamchuk, du Département de génie des bioressources à l’Université McGill, rêve de son côté de supercapteurs pouvant enregistrer et traiter plusieurs paramètres à la fois.

« La plupart de ces capteurs ne donnent pas une information pouvant être exploitée directement, explique le professeur. Une donnée sur la conductivité électrique du sol, par exemple, n’est pas utile si elle n’est pas combinée avec d’autres variables comme le niveau de salinité, la quantité de matière organique ou le taux d’humidité. »

Fusionner les systèmes

Afin d’intégrer les données de plusieurs sources, Viacheslav Adamchuk et ses collègues s’affairent donc à développer une plateforme multicapteurs mobile qui permettrait d’amener l’agriculture de précision à un autre niveau.

Ils ont récemment créé un prototype qui peut notamment analyser le pH et la conductivité électrique du sol en même temps que la concentration en nitrate, en potassium soluble et en sel. Dans un autre projet, ils ont testé un système qui mesure simultanément la résistance mécanique du sol, la proportion de lumière réfléchie et le contenu en eau pour analyser les fluctuations de la matière organique, de l’humidité et de la densité du sol.

Les défis de ces plateformes restent cependant nombreux : leur coût, leur durée de vie, mais aussi l’analyse des données recueillies arrivent en tête de liste. Les chercheurs travaillent sur de nouveaux systèmes de traitement de données et de simulations numériques qui aideraient à valoriser les données agricoles plus facilement. « Nous pensons que nos plateformes et nos systèmes pourraient être prêts d’ici une dizaine d’années pour soutenir les producteurs du Québec et d’ailleurs dans la gestion de leurs terres », confie Viacheslav Adamchuk. 

Des capteurs verts

Les plantes sont également des capteurs qui témoignent en temps réel des conditions de croissance liées au sol et à la météo.

Nathalie Kinnard, Agence Science-Presse