Vie rurale 15 août 2019

Stéphane Gendron porte la cause à l’écran

Réputé pour la virulence de ses propos, Stéphane Gendron a entrepris de réaliser un documentaire sur la détresse psychologique dans le pré. En se plongeant dans cette sombre réalité qui passe « sous le radar », l’ancien maire de Huntingdon espère alimenter les discussions sur l’avenir du métier.

Au Québec, il n’existe pas de statistiques sur le suicide chez les agriculteurs. Celui qui cultive du chanvre à Dundee, en Montérégie, a donc entrepris un travail de moine pour son documentaire : éplucher tous les rapports du coroner portant sur les suicides des trois dernières années. Et puisque la profession des victimes n’est pas clairement précisée, il doit parcourir les 1 200 cas qui sont survenus chaque année pour découvrir les circonstances du drame.

Selon ses recherches préliminaires, les victimes sont effectivement nombreuses. Mais il ne croit pas que la situation soit aussi critique qu’en France, où le taux de suicide chez les producteurs est 20 à 30 % supérieur à celui de la moyenne de la population, selon les derniers chiffres de la Santé publique.

Nouvellement producteur, M. Gendron a lui-même été mis à l’épreuve avec le facteur météo. « Je ne pensais jamais voir le bout du mois de mai [avec les 26 jours de pluie]. Ça ne se pouvait pas », témoigne-t-il, ajoutant qu’il peine à imaginer le sort de ceux qui n’ont pas de relève et sont très endettés. Sans compter les accords de libre-échange, qui minent le moral des producteurs.

« Tout le monde se fout de l’agriculture. Les gouvernements s’en fichent, mis à part dans les périodes électorales », estime M. Gendron.

Si des ressources existent pour aider les agriculteurs en détresse, celui-ci est convaincu qu’il n’y en a pas assez. Avec son documentaire La détresse au bout du rang qui sera diffusé sur les ondes de Canal D au printemps 2020, l’ex-animateur ne veut pas faire « un show de larmes », mais plutôt provoquer une réflexion. C’est pourquoi il prévoit faire une tournée des régions et aller à la rencontre des producteurs pour la sortie de son documentaire. «On veut en parler. On ne prétend pas régler les dégâts [du passé]. Il y a des solutions à mettre sur la table », conclut-il. 

VOIR AUSSI
Santé mentale : l’enfant pauvre de l’agriculture
Dix recommandations pour améliorer la santé mentale des agriculteurs