Élevage 24 mai 2019

Printemps nuisible aux abeilles

Le printemps tardif a affaibli les colonies d’abeilles dans plusieurs régions. Des apiculteurs espèrent rattraper le temps perdu au cours de la saison estivale.

Les conditions météo actuelles ralentissent le rythme des abeilles. Habituellement, elles doivent être prêtes pour la pollinisation et la production du miel dès le mois de juin. Mais le temps froid s’est éternisé, constate Nicolas Tremblay, conseiller apicole et agronome au Centre de recherche en sciences animales de Deschambault.

Lorsque le printemps est frisquet, les abeilles restent plus longtemps à l’abri dans les ruches. Leurs réserves s’épuisent, ce qui devient un enjeu pour leur survie. « Les colonies sont moins fortes. Elles ne prennent pas l’ampleur qu’elles devraient avec cette température en dents de scie », témoigne René Bougie, de La Miellerie King, à Kingsey Falls.

« On n’a pas de chaleur. Il pleut et ça nous ralentit énormément. Les colonies se développent moins rapidement, mais nous avons quand même de belles ruches », indique pour sa part Jacques Fontaine, de Miel Fontaine, à Sainte-Cécile-de-Milton. L’apiculteur espère connaître un été plus clément que celui de l’an dernier, marqué par des canicules nuisibles aux abeilles, car les fleurs ne produisent plus de nectar.

Mieux que l’an dernier

Les producteurs ont perdu environ 20 à 25 % de leur cheptel durant l’hiver, selon les observations préliminaires de Nicolas Tremblay. La situation est moins catastrophique qu’à pareille date l’an dernier, alors que les pertes se situaient entre 40 à 60 % à travers la province. 

La météo de l’automne 2018 a été plus régulière et l’hiver est arrivé rapidement, ce qui a permis aux producteurs de bien se préparer, relève M. Tremblay. L’apiculteur René Bougie évalue à environ 10 % les pertes de son cheptel, comparativement à 30 % l’an dernier.

Plus au nord de la province, Raphaël Vacher, des Miels Raphaël, à Alma, a eu moins de chance. Il a perdu près du tiers de sa production. « On a eu de la difficulté à nourrir nos ruchers et les traitements ont été moins efficaces contre le varroa [parasite de l’abeille] avec le froid », raconte-t-il. M. Vacher compte développer de nouvelles colonies durant l’été pour combler les pertes.

Julie Fontaine, de la Ferme Au Pied-de-loup, à Saint-Georges-de-Windsor, avait tout perdu, l’an dernier. Cette année, c’est tout le contraire; aucune perte enregistrée pour le moment. Mais il ne faut rien tenir pour acquis à ce stade-ci de la saison, avertit la présidente du Syndicat des apiculteurs du Québec pour la section Mauricie, Estrie et Centre-du-Québec. « Le printemps a été très lent à partir. Il y aura encore plein de ruches qui vont mourir d’ici cet été », estime-t-elle.