Élevage 17 avril 2019

En quête de solutions de rechange aux antibiotiques

Les antibiotiques et la résistance aux antibiotiques dans l’élevage des poulets de chair sont au cœur des efforts de recherche dans le domaine avicole.

« Certains types d’antibiotiques sont bannis depuis janvier dernier et d’autres le seront d’ici la fin de 2020. Il faut donc développer des stratégies de réduction ou trouver des solutions de rechange », explique Martine Boulianne, titulaire de la Chaire en recherche avicole de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

La Chaire vient de terminer un vaste projet de recherche mené en collaboration avec des partenaires de la filière avicole. Les vétérinaires se sont entre autres penchés sur l’impact de la réduction des antibiotiques sur la production et la santé des volailles. Ils ont surveillé une recrudescence de l’entérite nécrotique. Leurs travaux ont permis le développement d’une fiche technique sur la régie d’élevage de poulets élevés avec moins d’antibiotiques.

Les chercheurs étudient maintenant la flore microbiote dans les troupeaux qui ont abandonné les antibiotiques.

Des chercheurs examinent les quelques 3400 poussins à leur arrivée au poulailler expérimental du CRSAD dans le cadre du projet de recherche pour trouver des alternatives aux antibiotiques.
Des chercheurs examinent les quelques 3400 poussins à leur arrivée au poulailler expérimental du CRSAD dans le cadre du projet de recherche pour trouver des alternatives aux antibiotiques.

D’autres options naturelles

De son côté, le Centre de recherche en santé animale de Deschambault (CRSAD) mène depuis deux ans un projet de recherche visant à identifier des stratégies de réduction de l’utilisation des antibiotiques dans l’élevage des poulets de chair. Il souhaite répondre plus spécifiquement aux besoins des producteurs biologiques.

« La demande pour les produits certifiés biologiques ou sans antibiotiques et sans anticoccidiens est en croissance constante, explique Yan Martel-Kennes, directeur scientifique au CRSAD. Même si des vaccins sont disponibles, leur efficacité n’est pas optimale. Il faut donc trouver des moyens de soigner autrement certaines infections communes chez le poulet de chair. » Le chercheur mentionne que les résultats de leurs travaux seront également utiles aux producteurs conventionnels à la recherche de solutions de rechange naturelles aux médicaments.

Des essais expérimentaux sont présentement menés en conditions contrôlées pour évaluer l’effet de plusieurs additifs à base d’extraits végétaux.

Impact sur les performances de croissance

La Chaire de recherche sur les stratégies alternatives d’alimentation des porcs et des volailles de l’Université Laval a, pour sa part, entrepris une vaste recherche afin de mieux comprendre le mode d’action de certaines solutions de rechange aux antibiotiques, dont les probiotiques, les prébiotiques, les huiles essentielles et les acides organiques. « Le mécanisme d’action de ces additifs n’est pas clair. Des facteurs tels que l’âge de l’animal, les conditions d’élevage et la présence ou non de stress moduleraient la santé digestive et donc la réponse de l’oiseau aux alternatives. L’étude nous a permis de quantifier les effets et de voir les solutions les plus intéressantes pour remplacer les antibiotiques », explique Marie-Pierre Létourneau-Montminy, titulaire de la Chaire, qui s’apprête à publier les résultats de cette étude menée en collaboration avec le CRSAD et Agri-Marché. 

La bronchite infectieuse sous la loupe

La Chaire en recherche avicole de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal vient de terminer deux études portant sur la bronchite infectieuse des poulets.

« C’est une maladie qui affecte généralement le système respiratoire des oiseaux, mais la souche qui s’est développée au Québec [DMV] a aussi affecté le système reproducteur des poules pondeuses », explique Martine Boulianne, titulaire de la Chaire. Devant le constat que de 30 % à 70 % de ces poules ne pondent pas, il a été convenu qu’une échographie pratiquée aussi tôt qu’à 12 ou 16 semaines permet de cibler les poules affectées. « Il sera donc possible d’éliminer seulement les pondeuses qui sont atteintes au lieu de tout un troupeau. »

La deuxième étude a porté sur la prévalence de la bronchite infectieuse de souche DMV chez les poules pondeuses au Québec. Elle a permis de savoir où celle-ci était présente et quels facteurs de risque y étaient rattachés. Les résultats seront publiés dans les prochaines semaines.

Sylvie Lemieux, collaboration spéciale.