Élevage 11 avril 2019

Les exigences de la société s’accumulent

QUÉBEC — Les défis s’accumulent pour les éleveurs bovins de la province : inspection pour l’environnement, nouvelle loi sur le bien-être animal, resserrement des règles de transport…

À l’occasion de l’assemblée générale annuelle (AGA) des Producteurs de bovins du Québec (PBQ), plusieurs délégués ont rappelé les récentes exigences de la société à leur endroit. Tout dernièrement, Le Pacte pour la transition, initié par le metteur en scène Dominic Champagne, a fait l’apologie de la réduction de la consommation de viande d’élevage. Près de 270 000 citoyens ont déjà signé le document. « Si l’on se met tous à chasser, il va manquer de lièvres tantôt », a illustré le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau.

Les PBQ veulent maintenant faire contrepoids au discours écologiste qui taxe leur élevage de polluant. « On n’a pas à être gênés […]. La production bovine est beaucoup moins polluante que certains aiment le faire croire. Il y a un gros travail à faire pour mieux informer les consommateurs », a indiqué le président des PBQ, Claude Viel. De concert avec l’UPA, les Producteurs comptent mener une campagne d’information auprès du grand public au cours du printemps. À l’aide de données basées sur la science, ils démontreront que la production de bœuf pratiquée au Québec est compatible avec des choix écologiques.

Les délégués ont adopté quelques modifications réglementaires. Crédit photo : Julie Mercier/TCN
Les délégués ont adopté quelques modifications réglementaires. Crédit photo : Julie Mercier/TCN

Méconnaissance

Des participants à l’AGA ont souligné la méconnaissance du secteur agricole de certains inspecteurs du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) et de celui de l’Environnement. « Il y a des inspecteurs qui traitent les producteurs comme des criminels, pas comme des professionnels », a témoigné un délégué. Au chapitre de la législation en matière de bien-être animal, les Producteurs ont demandé des clarifications concernant la notion d’abris pour les bêtes logées à l’extérieur. « Le MAPAQ semble comprendre qu’on ne peut pas avoir des toits dans tous les pacages du Québec », a rassuré le président des PBQ.

Les délégués ont profité de leur rendez-vous annuel pour adopter des modifications aux règlements sur la contribution pour la mise en marché des bovins de réforme, pour celle des bouvillons d’abattage de même qu’au plan conjoint. Au terme de l’AGA, plusieurs administrateurs de longue date ont cédé leur place au conseil, notamment Michel Daigle, J. Alain Laroche, André Ricard et Gib Drury. 

Levinoff-Colbex laisse des traces

Encore cette année, l’acquisition de l’abattoir de bovins de réforme Levinoff-Colbex en 2006 laisse des traces dans les états financiers. En effet, le prêt de 19 M$ d’Investissement Québec figure toujours au livre. « C’est un élément isolé, qui n’a rien à voir avec la situation financière [des PBQ] qui est saine », a précisé le vérificateur externe Bernard Grandmont. « Si l’on fait abstraction des 19 M$, on a des activités très positives », a résumé le président des PBQ, Claude Viel. Quant à la contribution de 53,86 $/vache réformée pour la recapitalisation de 30 M$ dans l’abattoir, une quarantaine de dossiers de perception restent à régler auprès d’éleveurs contestataires. Ces sommes représentent environ 288 000 $. Une fois la perception réglée, les PBQ comptent s’asseoir avec Investissement Québec pour discuter de leur dette de 19 M$.

L’émergence du dairy beef

La montée de la production de dairy beef, soit l’engraissement de bouvillons de race Holstein, a fait jaser à l’assemblée. Aux États-Unis, cette filière est extrêmement développée et sert à valoriser les petits veaux laitiers mâles. Au Québec, ces animaux sont plutôt engraissés pour devenir des veaux de grain et de lait. Ces deux secteurs s’inquiètent de la montée de ce type d’élevage, eux qui ont investi massivement dans le bien-être animal et les programmes de qualité. Ils craignent notamment les conséquences sur leur filière que pourraient avoir les fermes de dairy beef où les veaux peuvent toujours être attachés. En dépit des protestations du comité de mise en marché des bovins de réforme et des veaux laitiers, les délégués ont voté en majorité pour la mise en place d’un comité de travail afin d’évaluer les impacts de cet élevage sur l’ensemble de la production bovine.