Élevage 9 avril 2019

Les Éleveurs craignent les cochons de Pâques

SAINT-HYACINTHE — Dans la foulée de l’épidémie de peste porcine africaine qui fait rage en Europe, les éleveurs du Québec ont été « fortement » invités à cesser la vente de porcelets à des producteurs considérés comme amateurs, particulièrement ceux qui tiennent des minifermes sur des sites agrotouristiques et dans les centres commerciaux pour Pâques.

Les Éleveurs de porcs de la Montérégie ont adopté cette résolution lors de l’assemblée générale annuelle de leur organisation, le 4 avril. Selon l’organisation, les élevages d’arrière-cour, de plus en plus populaires, peuvent aggraver le risque de propagation de la peste porcine en raison du faible niveau de biosécurité de ces installations.

À ce jour, aucun cas d’infection n’a été rapporté au Canada ni aux États-Unis, mais on ne souhaite pas prendre de risque, étant donné la virulence de la maladie. Celle-ci peut être transmise par la faune sauvage, les vêtements et les autres porcs d’élevage, mais aussi en donnant aux bêtes des charcuteries et des restants de table contaminés, souligne-t-on dans la résolution.

Trop grand risque

Pour le président du syndicat régional François Nadeau, ce serait « complètement incompréhensible de prendre ce risque-là », c’est-à-dire de vendre des porcelets pour quelques centaines de dollars. « Souvent, les gens à qui l’on vend des porcelets ne sont pas conscients des dangers d’alimentation [des élevages] », a-t-il affirmé en entrevue à La Terre.

À défaut d’obliger les producteurs de cesser la vente aux « éleveurs amateurs », il précise qu’on leur recommande « fortement » d’appliquer cette mesure. Invité à l’assemblée, le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval, a abondé en ce sens dans sa présentation. Le producteur, qui a l’habitude de vendre une cinquantaine de porcs pour des basses-cours avant Pâques, fera exception cette année. « Le risque est beaucoup trop grand […] de mettre en danger mon entreprise, ma famille et tout le reste du Québec. Je ne le ferai pas », a-t-il affirmé, tout en invitant les membres à « laisser passer une année ».

Pour ceux qui prévoient tout de même vendre des porcelets pour des élevages d’arrière-cour, les Éleveurs recommandent aux producteurs de déclarer l’expédition sur PorcTracé, de faire signer un manifeste à l’acheteur et de lui remettre la fiche d’information sur la peste porcine africaine.

Les membres ont justement reçu au début de la semaine dernière cette fiche d’information pour détecter les maladies animales exotiques chez les porcs. Le document réalisé par l’Équipe québécoise de santé porcine (EQSP) indique qu’il est urgent de consulter un vétérinaire, notamment lorsque les bêtes sont entassées, inactives et fiévreuses ou sans appétit.

Questionné sur la possibilité d’interdire la tenue de minifermes pour prévenir les risques de la maladie, le ministère québécois de l’Agriculture se contente de dire qu’il observe présentement la situation. « Si une décision est prise, les personnes concernées en seront avisées », a-t-on répondu par courriel.