Économie 31 mars 2019

Améliorer votre bénéfice par la gestion agricole

Il est possible de générer une multitude de ratios et de données pour analyser la situation financière et les résultats technico-économiques de son entreprise, afin de prendre des décisions éclairées. Toutefois, certains ratios sont plus significatifs que d’autres.

Par exemple, la dette/hectolitre est un bon indicateur du niveau d’endettement de l’entreprise laitière, tandis que le ratio de dette totale/$ de CDR (capacité de remboursement) est un indicateur plus juste pour une entreprise diversifiée (combinant une production animale à un volet acéricole ou de cultures commerciales). Ce dernier permet également de juger l’endettement par rapport à l’efficacité de l’entreprise, ou d’expliquer pourquoi une entreprise peut se permettre d’être plus endettée qu’une autre.

Dans un contexte de programmes gouvernementaux qui incitent à réaliser des investissements, de prix de vente qui semblent vouloir jouer au yo-yo (lait, porc, bœuf, grains, etc.) et de taux d’intérêt en hausse, il est encore plus important d’avoir une bonne gestion de ses coûts d’exploitation. Par ailleurs, à cause de la sécheresse qui a sévi dans certaines régions l’été dernier, nous vivons une période où les stocks de fourrages sont limités. Quant aux prix du veau, de la vache de réforme et même de la vache de reproduction, ils sont au plus bas depuis plusieurs années. L’équilibre entre le taux de réforme et le taux d’élevage des sujets de remplacement est donc très important. La majorité des entreprises laitières élèvent plus que leur besoin, ce qui représente des coûts supplémentaires, en plus de provoquer une réforme hâtive des vaches « payantes » pour céder leur place à la relève. En 2017, il en coûtait près de 61 500 $/an pour élever les sujets de remplacement pour la ferme laitière moyenne en Chaudière-Appalaches. Le simple maintien d’un bon équilibre entre le taux de réforme et d’élevage permettrait de réaliser des économies de plus de 11 500 $/an.

Également, pour toute entreprise œuvrant en production animale, l’un des postes de dépenses importants est le coût d’alimentation. Pour une entreprise laitière, le coût ne devrait pas dépasser 18 % de la paie de lait brute et idéalement, il faudrait viser 16 %. Cependant, en 2017, la moyenne des fermes laitières en Chaudière-Appalaches avait un coût d’alimentation représentant 20 % de la paie de lait. Ce 2 % excédentaire constitue une dépense annuelle de près de 11 500 $.

Ainsi, en améliorant ces deux points de régie, un producteur laitier pourrait économiser 23 000 $/an, soit 230 000 $ après 10 ans en moyenne. Ce montant représente un beau levier pour l’autofinancement de projets, par exemple, ou bien pour faciliter un transfert, assurer le renouvellement des équipements qui arrivent à la fin de leur vie utile ou, tout simplement, mettre de l’argent de côté pour la retraite. Finalement, peu importe l’entreprise, un poste de dépenses qui s’écarte de la normale devrait être le premier élément auquel s’attarder afin d’obtenir des résultats rapides.

Jean-Michel Dion, agr. / Conseiller en gestion agricole GCA-Montmagny