Vie rurale 21 mars 2019

Détresse psychologique : les jeunes alertent le ministre

JOLIETTE — Ils se sont levés d’un trait, par dizaines, devant le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne. Puis un long silence a suivi.

Marc-Antoine Turcotte, 2e vice-président de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ), venait de profiter de la période de questions suivant l’allocution du ministre pour aborder le thème de la détresse psychologique vécue par un bon nombre de producteurs. Il a rapporté l’histoire d’un père de famille qui venait de s’enlever la vie quelques jours plus tôt. « J’invite les gens qui connaissent personnellement quelqu’un qui s’est suicidé à se lever », a-t-il ensuite lancé à l’assistance composée essentiellement de membres de la FRAQ. Une fois que presque tout le monde a été debout, il a ajouté cette simple question au ministre, un sanglot étouffé au fond de la gorge : « Est-ce que vous pouvez nous aider? »

La démonstration des membres de la FRAQ a visiblement touché le ministre, qui a pris un moment avant de répondre. « C’est énorme la pression que vous pouvez avoir », a-t-il d’abord lancé avant d’expliquer que le dossier de l’aide psychologique aux producteurs n’était pas du ressort de son ministère, mais plutôt de celui de la Santé. « La ministre de la Santé, Danielle McCann, est très sensibilisée à toute la question du soutien psychologique aux agriculteurs, a-t-il ajouté. Je suis aussi déterminé à faire en sorte que ce ministère puisse aider les producteurs. »

Plusieurs membres de la FRAQ se sont levés en silence après qu’on eut demandé à ceux qui connaissaient une personne qui s’est suicidée de le signaler.
Plusieurs membres de la FRAQ se sont levés en silence après qu’on eut demandé à ceux qui connaissaient une personne qui s’est suicidée de le signaler.

Autres dossiers

Le ministre Lamontagne a prononcé son allocution quelques minutes après la clôture de l’assemblée générale annuelle de la FRAQ. L’occasion était belle pour les jeunes producteurs de poser leurs questions directement au ministre.

Entre autres sujets abordés : la question de la hausse des taxes foncières. À ce sujet, le ministre a indiqué être « pas mal avancé », parlant même du dépôt prochain d’un projet de loi. « Le système qui était en place a bien servi pendant de nombreuses années, mais on voit qu’il a maintenant déraillé. Il faut s’assurer que ce qu’on va remettre sur les rails soit pérenne », a-t-il ajouté, sans dévoiler son plan.

En plus du dossier des taxes foncières, le ministre Lamontagne prévoit aussi s’attaquer à la lourdeur administrative à laquelle les producteurs agricoles sont confrontés afin de diminuer la quantité de documents qu’ils ont à produire. Comme pour chaque dossier, il compte adopter la même approche. « Il faut d’abord cibler les obstacles, puis faire tomber ou réduire leur impact, a-t-il dit. On ne peut pas faire tout ça du jour au lendemain, mais c’est ça mon plan pour les quatre prochaines années. » 

Résolutions

L’assemblée générale annuelle de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) a pour sa part donné lieu à l’adoption d’une série de résolutions. L’organisation demande ainsi au gouvernement la création d’un fonds pour du capital patient, sans intérêt, afin de soutenir le transfert et le démarrage d’entreprises. La FRAQ demande aussi à ce que l’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) soit bonifiée pour la relève, et que des programmes d’aide soient mis en place pour compenser les hausses consécutives du salaire minimum.