Actualités 19 mars 2019

Chauffer l’air et les liquides avec le soleil, en économisant

Une entreprise de Saint-Hyacinthe propose de chauffer l’air et les liquides des bâtiments de ferme avec le soleil. Elle fabrique des capteurs de chaleur éprouvés, innovateurs et polyvalents. Une façon de protéger l’environnement en réduisant les frais de chauffage des bâtiments et des grains, entre autres.

L’entreprise Solar-O-Matic de Saint-Hyacinthe fabrique des panneaux ou capteurs solaires de qualité certifiée servant à réchauffer l’air ou les liquides. « Attention, malgré une certaine ressemblance, il ne s’agit pas de panneaux producteurs d’électricité, précise Jean-Marc Rochefort, responsable de la production. La plupart des gens ne font pas encore la distinction. »

Jean-Marc Rochefort avec un exemplaire (en petit format) d’un capteur solaire servant à chauffer l’air.
Jean-Marc Rochefort avec un exemplaire (en petit format) d’un capteur solaire servant à chauffer l’air.

En effet, ce type de capteurs transmet la chaleur du soleil à l’air ou aux liquides, et cela, de manière directe et efficace. « Les rayons solaires traversent la vitre, puis un espace d’air, avant de frapper la plaque de métal peinte en noir qui absorbe la chaleur et qui, à son tour, la transfère à l’air ou aux liquides », explique M. Rochefort. Le responsable de la production pour Solar-O-Matic Technologie a fondé son entreprise avec sa conjointe Carole Laurence, directrice générale. Il est secondé à la production par son fils Maxime, sa belle-fille Katy et quelques employés.

Quand le soleil… chauffe l’air

Dans le cas d’un capteur réchauffeur d’air, ce dernier est transporté au moyen d’un ventilateur vers la pièce ou la structure à chauffer dans des conduites de métal peintes en noir. Le soleil transfère sa chaleur à ces conduites qui sont soudées entre elles et à des tiges de support. Par exemple, avec huit capteurs du modèle PS-201 montés en série, la différence de température entre le point d’entrée dans les capteurs et le point de sortie à l’intérieur du bâtiment peut atteindre 32 °C. « Même l’hiver, quand il fait 0 °C à l’extérieur, on fait entrer de l’air à 20 °C », illustre Jean-Marc Rochefort, qui cumule de nombreuses formations : plomberie, mécanique, électricité, pneumatique, hydraulique et télécommunications… Au cours de ses 3 dernières années sur 18 chez Bell Canada, il a travaillé au laboratoire que l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ) partage avec le géant des télécommunications.

Les capteurs solaires à air chaud de Solar-O-Matic équipent déjà des usines de pruneaux et d’abricots séchés au Maroc et un édifice imposant de Gaz Métro, qui véhicule un air réconfortant dans plusieurs lieux du Montréal souterrain. « Ces capteurs conviendraient aussi très bien au séchage des grains et du bois, ou du linge dans les habitations, les hôpitaux ou les maisons de retraite », remarque Jean-Marc Rochefort.

Capteurs pour chauffer les liquides

Ces capteurs transfèrent la chaleur solaire à un liquide – que l’on appelle liquide caloporteur, souvent de l’eau pure ou mélangée à du glycol – par l’entremise de la plaque de métal réceptrice (l’absorbeur) peinte en noir.

Ce type de capteur peut notamment réchauffer le plancher radiant d’un poulailler ou d’un garage, l’eau de la piscine, l’eau du système de chauffage ou de nettoyage, etc.

Dans les modèles traditionnels, l’absorbeur communique sa chaleur à un serpentin de cuivre situé juste en dessous. Le fluide caloporteur circule dans le serpentin jusqu’à la structure ou l’appareil à réchauffer sous l’action d’une pompe, ou parfois simplement de la gravité et de la convection (mouvement dû à une variation de la température).

Dans ses capteurs, Jean-Marc Rochefort a remplacé le couple plaque ­absorbeur-serpentin par deux plaques d’acier inoxydable rapprochées et soudées entre elles suivant un motif particulier. Le liquide caloporteur circule entre ces deux plaques et s’échauffe directement sous l’absorbeur peint en noir (la plaque du haut). Ce concept innovateur en attente d’un brevet a fait l’objet d’une série de tests rigoureux, notamment par le Conseil national de recherches du Canada. Ces capteurs fournissent une énergie de 1 650 Wh et leur température de stagnation (quand le liquide n’est pas en circulation) atteint 145 °C. « Et le fluide caloporteur garde beaucoup plus de pression et de vitesse d’un bout à l’autre de ce capteur que dans un modèle à serpentin », précise M. Rochefort.

Pour chauffer ou refroidir une foule de liquides

Puisque l’acier inoxydable résiste à la corrosion et se nettoie facilement, il est accepté en production alimentaire. « Nous pouvons par exemple faire circuler l’eau d’érable dans nos capteurs et la préchauffer pour écourter la durée d’évaporation, dit Jean-Marc Rochefort. De la même façon, l’opération de préchauffage de l’huile de canola à près de 27 °C, qui est nécessaire avant son filtrage, ou encore l’atteinte de la température élevée des huiles de cuisson, tout cela pourrait se faire simplement sous l’action du soleil et sans gaz à effet de serre dans nos capteurs. »

À l’opposé, les capteurs ­Solar-O-Matic à plaques d’acier inoxydable pourraient également refroidir l’eau d’érable avant son stockage : « Nous la ferions circuler entre les plaques que l’on placerait sous la neige », ajoute l’entrepreneur.

Économiser sous le soleil

« Dans les maisons unifamiliales, nos capteurs pourraient se payer en moins d’une quinzaine d’années et en trois à sept ans dans les bâtiments industriels, calcule Jean-Marc Rochefort. Mais le client doit prendre le temps de refaire ses calculs avec l’installateur, car chaque ferme est unique. Dans tous les cas, ces capteurs combleront 30 % des besoins en chauffage et probablement au-delà de nos 25 ans de garantie. »