Régions 22 février 2019

Un nouvel économusée pour l’huile d’émeu

SAINT-URBAIN — Dès le mois de mai, le Centre de l’émeu de Charlevoix deviendra l’Économusée de la huilière, une petite révolution pour la fondatrice Raymonde Tremblay, éleveuse passionnée de ce drôle d’oiseau depuis plus de 20 ans.

Ce n’est pas d’hier que Mme Tremblay rêve de faire de sa ferme un lieu où elle pourrait non seulement transformer le gras de ses bêtes en huile, mais aussi fabriquer ses produits cosmétiques et valoriser la viande d’émeu, qui est méconnue. « Je tiens à tout valoriser, par respect pour l’animal et parce que les produits qui en découlent sont de qualité », indique-t-elle.

Le Centre de l’émeu en chiffres

Cheptel : environ 400 têtes;

Abattage annuel : 175 bêtes; 

Production annuelle d’huile : 1 000 kg;

Quantité de gras produit
par animal : environ 15 lb;

Quantité de viande produite par tête : de 26 à 28 lb.

Afin de mettre de l’avant les propriétés cosmétiques uniques de l’huile d’émeu, elle a modifié toutes les recettes de base de sa gamme de produits pour la peau. « On a enlevé tout ce que David Suzuki dénonce : le laurylsulphate de sodium, les phtalates, les fragrances… C’était une grosse démarche », explique l’éleveuse. 

Elle remarque d’ailleurs que de plus en plus de gens utilisent une application comme Clean Beauty pour numériser ses produits afin de savoir si les ingrédients qu’ils contiennent sont bons ou pas. La démarche a porté fruit. « Maintenant, on est irréprochables », assure-t-elle. De plus, les produits de la gamme Émeu Charlevoix se retrouveront, sous peu, dans les pharmacies Familiprix Extra et, bien sûr, entre les murs de l’Économusée de la huilière.

Une histoire à raconter

La collaboration avec le réseau Économusée pour mettre en œuvre le projet a d’ailleurs été possible grâce à l’aspect historique de la procédure d’extraction de l’huile à partir d’un gras animal. « La transformation d’un gras animal en huile à des fins corporelles ou utilitaires remonte aux années 1860, dans Charlevoix. À cette époque, on utilisait la graisse de phoque et de marsouin qu’on transformait en mazout, en huile à lampe ou en savon », explique Raymonde Tremblay. Des panneaux d’interprétation mettront en valeur cet héritage.

Le nouveau bâtiment qui abritera l’économusée, en plus de constituer une place de choix pour les produits cosmétiques de la gamme Émeu Charlevoix, est équipé d’une cuisine à partir de laquelle on pourra faire déguster la viande sous diverses formes, du carpaccio au cassoulet. De grandes vitrines donnant sur les salles de production au rez-de-jardin permettront d’observer les étapes de transformation du gras en huile notamment.

Raymonde Tremblay voit grand. « J’aimerais tripler mon troupeau en partenariat avec d’autres agriculteurs de Charlevoix. Ils élèveraient des émeus qu’on transformerait. Ils seraient encadrés et pourraient produire avec nos grains, nos spécifications et notre expertise alors que nous avons appris par nous-mêmes. C’est intéressant, car le marché est garanti », lance-t-elle comme une invitation. 

L’ouverture officielle de l’Économusée de la huilière est prévue en mai.