Élevage 15 janvier 2019

Plus de 12 M$ pour l’aquaculture

Les 12,8 M$ nouvellement investis par Québec pour développer l’industrie de l’aquaculture permettront aux producteurs d’ici d’être plus compétitifs face aux imposants joueurs sur le marché.

Cette enveloppe, octroyée en décembre par le gouvernement Legault, a été remise au Fonds bilatéral pour l’industrie des pêches et de l’aquaculture commerciales du Québec. Cela s’ajoute aux 30 M$ sur cinq ans déjà alloués par le fédéral.

Une décision fort bien accueillie par la Table filière de l’aquaculture en eau douce du Québec. Pour Grant Vandenberg, professeur au Département des sciences animales de l’Université Laval, il s’agit d’une annonce « symbolique » pour les producteurs ayant déployé de nombreux investissements pour se conformer aux normes environnementales de l’industrie.

« Les producteurs, ce qu’ils demandent, c’est qu’on puisse reconnaître leurs efforts [et leur adaptation] aux nouvelles technologies », indique celui qui siège à la Table.

Des normes plus sévères de rejets de phosphore ont été établies au cours des 20 dernières années à la suite d’une étude alarmante sur l’état de santé du lac Heney, en Outaouais, à la fin des années 1990. Le rapport signalait une présence excessive de cet élément chimique en raison des activités de pisciculture, explique le professeur.

Les truites arc-en-ciel font partie des élevages au Québec. Crédit photo : André Drapeau/Ministère canadien des Pêches
Les truites arc-en-ciel font partie des élevages au Québec. Crédit photo : André Drapeau/Ministère canadien des Pêches

Injustice

Sur les étals des poissonneries au Québec, on retrouve beaucoup plus de saumon et de truite qui proviennent du Chili ou encore de Norvège. « Et ils [les producteurs ne sont pas soumis aux] mêmes règles environnementales que nous. Je trouve la situation vraiment désolante », déplore M. Vandenberg.

Les poissons élevés au Québec représentent moins de 10 % de l’offre en épicerie alors que la province possède 3 % des réserves en eau douce de la planète, souligne le professeur. « Nous devons maintenant faire la démonstration que l’industrie peut réaliser une expansion » avec une technologie et des systèmes plus avancés, estime-t-il.

Avec ce nouvel investissement, les aquaculteurs du Québec se sont donné comme objectif de doubler la production d’élevage de poissons en eau douce d’ici sept ans. « Les marchés d’alimentation attendent cette augmentation de production avec impatience étant donné la demande accrue des consommateurs pour les produits locaux », souligne la Table par voie de communiqué.

Miser sur la nutrition

Selon le professeur Vandenberg, l’alimentation des poissons représente de 50 à 70 % des coûts de production dans l’industrie. « Notre intérêt, c’est d’améliorer ça [la nutrition] », croit-il, d’autant plus qu’il est possible de réduire significativement les émissions de phosphore grâce à de meilleures moulées. « On travaille avec les compagnies pour avoir des produits [adaptés aux normes] », conclut-il.