Élevage 15 janvier 2019

Porcs – La population mondiale consommera plus de viande

QUÉBEC — Les véganes sont en train de perdre la bataille! C’est ce qu’a souligné à la blague le président de Global AgriTrends, l’Américain Brett Stuart, en présentant sa prospective du secteur porcin aux 1 100 participants du Porc Show de décembre 2018. Il estime qu’au cours des 11 prochaines années, la consommation mondiale de viande et de volaille augmentera de 134 millions de tonnes. À court terme, par contre, les guerres commerciales et la peste porcine africaine font planer de l’incertitude sur l’industrie porcine.

Plus riches

Quatre-vingt-neuf pour cent de la population mondiale vit actuellement dans un pays en voie de développement et 78 millions de personnes s’ajoutent annuellement au décompte. À long terme, des milliards de gens s’enrichiront, joindront la classe moyenne et consommeront plus de viande, estime l’analyste. « Ils n’achèteront pas du porc canadien ou américain demain matin, mais certains le feront dans 5, 10 ou 15 ans, souligne M. Stuart. Les agriculteurs peuvent être optimistes parce qu’avec la croissance de la population mondiale viendra une augmentation des revenus. »

L’appétit américain

En incluant les prédictions pour 2019, la population américaine aura consommé 8 livres de porc de plus par habitant qu’en 2014 et la production porcine américaine croîtra de 5 % entre 2018 et 2019 seulement. « On voit le dynamisme qu’il y a aux États-Unis dans cette production, a indiqué le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval. Ce sont des concurrents qui veulent être là; ils construisent des abattoirs ultramodernes. C’est sûr qu’on a ce constat-là à faire ici. On manque de viande porcine et on a des abattoirs qui sont capables d’abattre plus de cochons qu’on est capables de leur fournir. »

À court terme, la demande américaine pour la viande sera l’un des principaux moteurs de croissance de l’industrie. « Les agriculteurs américains et canadiens ont besoin que les Américains mangent plus [de viande], disait M. Stuart en conférence au Porc Show. Les marchés canadiens sont très proches des nôtres. Le mieux pour votre porc, c’est que de notre côté, nous en exportions plus, non? » 

Attention cependant aux dangers de la surproduction, puisque pour maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande porcine, les Américains auraient besoin d’accroître leurs exportations de 20 % en 2019, alors que le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) n’anticipe une augmentation que de 5 %. « J’agite un drapeau d’avertissement à cause de l’abondance de bœuf, de porc et de volaille sur le marché, qui pourrait s’effondrer », a prévenu l’Américain.

Incertitudes

Les effets des guerres commerciales américaines et de la peste porcine africaine (PPA) en Chine continueront de se faire sentir en 2019. « On ne sait pas quand les mesures de représailles se termineront, mais en même temps, la Chine a tellement de problèmes [agricoles et sanitaires] que la population locale se dit : “Moi, je ne veux plus consommer de produits chinois.” Ça, c’est une belle perspective pour nous autres », explique M. Duval.

Rappelons que la peste porcine africaine est endémique dans le pays. Avec un taux de mortalité de 80 à 90 % et aucun vaccin disponible, le virus s’est propagé sur près de 40 000 km en infectant 79 % du cheptel du premier producteur mondial de porc qu’est la Chine. Mais ces chiffres sont probablement pires en réalité, croit M. Stuart. « Il y a un genre de contrôle des médias en Chine et il est très difficile d’obtenir de l’information. Je dois surveiller étroitement les prix [pour savoir ce qu’il se passe réellement] », explique-t-il. 

Cependant, une opportunité d’affaires se dessine à l’horizon pour les agriculteurs québécois puisque M. Stuart prédit une pénurie de porc en Chine et lorsqu’elle frappera, le géant chinois s’approvisionnera en premier lieu en Europe, puis en Amérique du Nord.