Régions 7 décembre 2018

L’achat de terres comme arme de défense

BEAUPORT — Forte d’une relève dynamique, la ferme maraîchère Bédard Blouin a choisi de contre-attaquer face à la pression de l’urbanisation en faisant l’acquisition de terres agricoles avoisinantes.

Une portion de terres a d’abord été achetée aux Sœurs de la Charité en 2008, puis d’autres transactions ont suivi auprès d’autres voisins. « On a même réussi à racheter à un promoteur immobilier une terre en milieu urbain à un prix raisonnable », se félicite le jeune Nicolas Bédard. Le vendeur se serait lassé d’attendre un dézonage qui tardait à venir et aurait été séduit par leur mission de protection des terres agricoles.

« On l’a fait pour garantir l’avenir, souligne celui qui se destine à prendre les rênes de l’entreprise avec sa sœur Sarah. Là, on est rendus à la 3e génération et la 4e se prépare avec sept petits-enfants dans la famille. »
Nicolas Bédard estime que l’agriculture et la ville font bon ménage, car cette proximité permet un contact direct avec la clientèle citadine. Il évoque aussi les bienfaits psychologiques et environnementaux qu’apporte la présence d’espaces verts en milieu urbain.

« On ne sent pas la volonté politique ici à Québec de nous laisser où on est », regrette-t-il par contre.  

Les visées du maire Labeaume

L’administration du maire Régis Labeaume est bien déterminée à faire dézoner quelque 600 hectares de terres agricoles afin d’accueillir plus de 28 000 nouveaux ménages d’ici 20 ans. La version révisée du Schéma d’aménagement et de développement de l’agglomération de Québec prévoit d’inclure dans le périmètre d’urbanisation non seulement les terres des Sœurs de la Charité vendues au Groupe Dallaire, mais également celle de la famille Proteau. La majeure partie de la ferme Bédard Blouin serait toutefois épargnée. 

En octobre, le ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire a signalé au maire Labeaume que certains éléments du schéma étaient non conformes aux orientations du gouvernement. Un délai de 120 jours a été accordé pour en revoir le contenu. La Ville de Québec n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.