Politique 2 octobre 2018

La vague caquiste domine les comtés ruraux

Malgré quelques luttes serrées ayant tenu en haleine les électeurs jusqu’en fin de soirée le 1er octobre, la plupart des circonscriptions rurales où se trouvaient des candidats vedettes agricoles portent désormais les couleurs de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Le nouveau gouvernement majoritaire peut se targuer d’avoir remporté 74 sièges, dont 6 qui étaient considérés comme des châteaux forts libéraux ou péquistes en milieu rural. Le fait que le parti ait gagné autant de sièges était un scénario « complètement inattendu. C’est un résultat assez surprenant », a admis Philippe J. Fournier, analyste politique et fondateur du site de prédictions Qc125.com, sur les ondes de Radio-Canada, hier soir.

Jusqu’à environ 23 h 30, les yeux étaient rivés sur le comté d’Abitibi-Ouest, où la caquiste Suzanne Blais a remporté la victoire avec seulement une centaine de voix de plus que le candidat péquiste Sylvain Vachon. Ce gestionnaire d’une ferme bovine à Palmarolle et ex-président de la Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue avait été choisi pour succéder à l’ancien ministre de l’Agriculture François Gendron et député depuis 1976.

Dans Huntington, en Montérégie-Ouest, la lutte a également été chaude jusqu’à la fin de la soirée. Le libéral et ancien agriculteur Stéphane Billette, en poste depuis 2008, a été battu par quelque 500 voix par la caquiste Claire Isabelle.

Québec solidaire a toutefois causé la surprise à l’extérieur de Montréal et de Québec avec la victoire de sa candidate Émilise Lessard-Therrien, dans Rouyn-Noranda–Témiscamingue. Celle qui était dernière dans les intentions de vote l’a finalement emporté avec quelque 500 voix sur son adversaire caquiste. La nouvelle députée est propriétaire d’une entreprise qui produit de la farine artisanale à partir de grains témiscamiens.

Victoires haut la main

Parmi les victoires prédites par les sondages, on retrouve celle de la députée caquiste Sylvie D’Amours dans Mirabel. En entrevue avec La Terre hier soir, l’ex-porte-parole en matière d’agriculture a affirmé qu’elle « ne prenait rien pour acquis » concernant la victoire majoritaire de son parti. « On a travaillé fort jusqu’à la dernière minute », a-t-elle ajouté.

Sans savoir si elle héritera du poste de ministre de l’Agriculture, cette dernière assure aux producteurs qu’elle « veillera au grain » et sera « toujours là pour les producteurs » durant son deuxième mandat. « Je ne suis pas dans les secrets des dieux. […] Si ce n’est pas moi, ce sera quelqu’un d’autre. Mais M. Legault m’a dit qu’on n’a jamais autant parlé d’agriculture qu’avec moi. Je vous répète ses paroles », a-t-elle mentionné.

Dans Saint-Jérôme, le caquiste et économiste Youri Chassin a largement battu le candidat péquiste. Soulignons que l’ancien directeur de recherche de l’Institut économique de Montréal (IEDM) avait dénoncé le système « néfaste » de la gestion de l’offre en le qualifiant de « cartel légal » en 2015.

Du côté de Berthier, dans la région de Lanaudière, la caquiste et ex-animatrice Caroline Proulx l’a emporté facilement sur le député sortant André Villeneuve, qui était aussi porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture depuis 2014.

Par ailleurs, le Parti québécois misait sur le producteur Christian Hébert dans Portneuf, qui s’est rangé loin derrière le candidat caquiste.

Débandade libérale

Le candidat libéral qui représentait Lobtinière-Frontenac, comté détenu par l’ex-ministre Laurent Lessard depuis 2012, a essuyé une cuisante défaite en récoltant seulement 20 % des voix derrière le candidat de la CAQ.

Même scénario du côté de Laviolette–Saint-Maurice, en Mauricie, où la candidate caquiste Isabelle Lecours a largement surpassé le député sortant Pierre Giguère. Le producteur de bovins libéral était adjoint parlementaire du ministre de l’Agriculture depuis 2017.

Dans Brome-Missisquoi, en Estrie, la caquiste Isabelle Charest a mis fin à un règne libéral de trois décennies. La circonscription était détenue par l’ancien ministre de l’Agriculture Pierre Paradis, qui avait quitté ses fonctions dans la controverse.