Élevage 25 septembre 2018

Dur coup pour la vache Canadienne

SAINT-HILARION — Il ne reste plus que quelques centaines de vaches Canadiennes sur le territoire et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) vient de dire non au projet de Centre de recherche et de développement de la race bovine canadienne (CRDC), pierre angulaire de sa sauvegarde, au grand dam des défenseurs de la race laitière patrimoniale. 

La mouture originale du projet de 1,3 M$ ayant fait l’objet d’un dépôt au programme Territoires : laboratoires d’innovations bioalimentaires du MAPAQ au début de l’été se déclinait selon quatre axes d’intervention : un laboratoire génétique, une cryothèque, un élevage de jeunes taureaux et un centre d’interprétation. « Le Centre serait administré principalement par des producteurs laitiers, des transformateurs et des chercheurs ainsi que des experts des secteurs liés, sous l’égide de l’Association de mise en valeur de la race bovine canadienne », explique Mario Duchesne, coordonnateur de l’Association. 

Malgré une « excellente réceptivité » au niveau politique, le couperet est tombé il y a quelques jours. « Les politiciens n’ont plus rien à dire quand le projet est dans la machine et qu’il ne répond pas exactement aux orientations. Et les orientations, aujourd’hui, c’est la Holstein. La vache Canadienne se caractérise par un type de production qui, par ses particularités, ne peut pas être dans le courant principal », ajoute M. Duchesne. 

Seulement 15 des 93 projets ont été acceptés avec un dossier de candidature complet, mais il n’a pas été possible de savoir pourquoi celui du CRDC n’a pas été retenu. Au moment de publier, le MAPAQ n’avait pas rappelé La Terre. Quoi qu’il en soit, l’Association planche sur une nouvelle mouture du projet de CRDC pour le prochain dépôt, au printemps. « Le projet incluait beaucoup d’infrastructures, pour plus de la moitié du budget. On travaille à s’organiser autrement, car le CRDC est selon nous un incontournable pour assurer la survie de l’espèce », croit M. Duchesne. On a déjà statué sur le fait que les fromageries certifiées avec l’appellation de spécificité Fromage de vache de race Canadienne en financeraient les
activités en payant une redevance de 0,03 $/litre.

Le patrimoine génétique de l’espèce est étonnamment riche, selon le biologiste de formation. « La rumeur veut que l’espèce ne soit pas viable. Pourtant, une récente étude de caractérisation des effectifs génétiques confirme que la vache Canadienne a une génétique plus diversifiée que n’importe quelle race. Bien que les sujets soient peu nombreux, ils ne sont pas consanguins, mais il y a une urgence d’agir. C’est critique, mais pas irréversible », conclut Mario Duchesne. 

État de la race

« Il reste moins de sept troupeaux au contrôle laitier qui ont cinq vaches Canadiennes ou plus et seulement quatre troupeaux complets dans le monde », résume Mario Duchesne, de l’Association de mise en valeur de la race bovine canadienne. Il convient que les vaches Canadiennes sont certes moins productives que leurs consœurs d’autres races, mais ajoute que leur spécificité vaut la peine qu’on y accorde l’attention nécessaire. « La survie de la race appartient à l’État, au patrimoine », lance-t-il.