Pas toujours facile pour un jeune de réaliser son rêve d’avoir une ferme à lui. Le parcours pour y arriver peut être parsemé d’embûches et de détours. Mathieu* croyait au départ qu’il s’établirait sur la ferme laitière familiale où il avait grandi. Il est finalement devenu la relève non apparentée d’Adrien*, dont nous avons présenté le témoignage la semaine dernière. 

Après avoir réalisé que les choses ne fonctionneraient pas à la ferme parce que cela aurait été trop compliqué avec la famille, Mathieu est parti à la recherche d’un autre endroit où s’investir. Il a alors entendu parler d’Adrien, qui venait de perdre son employé, et y a vu une opportunité. Il a donc contacté le producteur et après quelques rencontres, a commencé à travailler comme employé. En effet, Adrien voulait d’abord voir si le « match était bon » avant de s’associer. 

Même si Mathieu a l’impatience de la jeunesse, il a accepté les conditions d’Adrien, pourvu que ce dernier ne mette pas des années à voir s’ils étaient sur la même longueur d’onde. « Je lui avais clairement dit que je m’en venais ici uniquement parce que je voulais acheter sa ferme, qu’il ne fallait pas que ça prenne cinq ans avant de savoir si ça cliquait ou pas. »

Pour concrétiser son rêve, Mathieu a tout de même dû faire certains sacrifices, dont celui de quitter son coin de pays. « Faire la coupure, changer tout, laisser aller une partie de ta vie… C’est ce qui a été le plus dur. » Il a aussi dû faire ses preuves et démontrer sa valeur, ses capacités puis ses aptitudes, tant à Adrien qu’aux intervenants dans le dossier.

Une bonne dose d’humilité 

Pour ce faire, il lui a fallu savoir faire preuve d’humilité. « Avec du monde qui ne te connaît pas, tu dois recommencer en bas de l’échelle. Il faut que tu fasses valoir tes capacités à travailler, à gérer, à prendre des décisions, à compter, etc. Veut, veut pas, c’est un inconnu qui va te vendre son -entreprise. Il ne doit jamais douter de faire une bonne affaire. »

En revanche, repartir à neuf comporte un grand avantage pour Mathieu, qui a connu une expérience familiale malheureuse. Avec la charge émotive en moins, Mathieu peut construire sa vie sur de nouvelles bases relationnelles saines. « La grosse différence avec Adrien, c’est la communication. C’est bien plus facile. Lui, je suis capable de lui parler, de faire valoir mes points. Je n’ai pas peur de dire ce que je pense. C’est moins émotionnel. La communication est plus facile dans ce temps-là. Avec mon père, il y avait zéro communication. Il fallait toujours que je mette des gants blancs jusqu’aux coudes pour lui parler. Ça a été pas mal plus facile d’établir un lien de confiance avec Adrien. »

Des valeurs à la bonne place

Mathieu réalise la chance qu’il a eue de croiser Adrien sur sa route : « Qu’un étranger accepte de me transférer son entreprise, je n’en reviens pas. Je trouve cela quand même assez hot qu’il soit prêt à laisser aller de l’argent pour que sa business continue. Cela veut dire qu’il y a encore du monde avec des valeurs à la bonne place. »

Cette association avec Adrien lui a été bénéfique à bien des égards. « Cela veut dire qu’Adrien a vraiment confiance en moi, je pense, car tu ne fais pas cela avec n’importe qui. Cela me remet d’aplomb. J’étais comme une chaise dont les pattes écartaient. Là, ça se solidifie, qui je suis et ce que je veux faire », conclut le jeune homme.  

* Prénoms fictifs

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