Actualités 9 juillet 2018

Les États-Unis champions du soutien agricole en Amérique

Même en tenant compte d’un effet de la gestion de l’offre sur les prix, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) calcule que le Canada et le Mexique soutiennent moins leur agriculture que les États-Unis.

De fait, l’ensemble des interventions canadiennes équivalent à 9,6 % des recettes à la ferme, soit moins que les États-Unis (9,9 %) et plus que le Mexique (7,5 %). Les États-Unis sont le pays qui dépense le plus en Amérique pour le soutien en agriculture, même si les champions du monde à cet égard sont en Europe et en Asie (voir tableau).

Le soutien canadien est inférieur à celui de la moyenne des pays de l’OCDE ou de la moyenne des pays émergents. Il faut noter que l’étude de l’OCDE, publiée le 26 juin, repose sur l’analyse de 51 pays dans le monde et n’inclut pas tous les pays.

Recul de 75 % du soutien agricole canadien

En 1986-1988, le soutien s’élevait à 36 % des recettes agricoles contre seulement 9 % en 2015-2017. De ce dernier chiffre, c’est le soutien indirect au prix du lait qui est considéré comme la principale source de « distorsion » sur les marchés. L’organisation évalue que le prix du lait reçu par les producteurs canadiens était 12 % plus élevé que sur les marchés mondiaux et considère cet écart comme une subvention même si aucun paiement direct n’est envoyé aux producteurs.

Le recul de l’aide agricole canadienne des 30 dernières années s’expliquerait surtout par la fin du soutien direct au prix du grain en 1995.

Au fil des années, le soutien agricole canadien a toujours été inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE.

Les producteurs de lait contestent

L’OCDE, qui compte 35 pays membres dont le Canada, le Mexique et les États-Unis, n’est pas reconnue pour son soutien à la gestion de l’offre, qu’elle considère comme une subvention qui crée une distorsion dans les marchés.

« Ils [l’OCDE] devraient sortir de leur laboratoire », lance Jean Vigneault, directeur des communications des Producteurs de lait du Québec (PLQ). Ce dernier qualifie le calcul de subvention au secteur laitier canadien de « théorique ». Le transfert supposé d’argent des consommateurs vers les producteurs de lait « ne marche pas en pratique ». Le directeur souligne que le lait frais ne se retrouve pas sur les marchés mondiaux (seuls les produits transformés le sont). L’OCDE se sert donc du prix de Nouvelle-Zélande comme référence puisque ce pays n’impose pas de tarifs sur les produits laitiers. Or, le prix moyen du litre de lait aux consommateurs en Nouvelle-Zélande était de 1,83 $ en 2017 contre 1,50 $ au Canada (les PLQ rapportent les chiffres de AC Nielsen). « Comment expliquer que les consommateurs canadiens paient une subvention aux producteurs [alors qu’ils paient leur lait moins cher]? » fait valoir Jean Vigneault.

Soutien aux agriculteurs en % des recettes agricoles brutes

Islande                                    55,7 %

Norvège                                   53 %

Suisse                                      50,9 %

Corée                                       53,5 %

Japon                                      49,2 %

Union européenne                    18,3 %

Chine                                         14 %

Russie                                       12,3 %

États-Unis                                  9,9 %

Canada                                       9,6 %

Mexique                                     7,5 %                             

Brésil                                           2 %

Australie                                      1,7 %

Source : OCDE