Régions 28 juin 2018

La bande riveraine n’est pas miraculeuse

L’aménagement d’une bande riveraine ne constitue pas une solution miracle à l’exportation des sédiments et des éléments fertilisants ainsi qu’à l’érosion. « Une lisière de 1 ou 2 mètres ne peut pas filtrer tout un champ. La bande est un élément important pour stabiliser les berges, mais elle est plus limitée dans l’interception des sédiments comme tels », juge le chercheur de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) Aubert Michaud.

Le travail de la bande riveraine peut également être gâché par une zone de dépression qui entraîne du ruissellement. « Plusieurs hectares se videront par cette zone d’écoulement. Il faut dans ces cas s’assurer d’installer des ouvrages de captation qui éviteront le ruissellement », précise M. Michaud.

Des chiffres qui varient

Les évaluations terrain effectuées par M. Michaud entre 2013 et 2015 montrent une réduction de 35 % des exportations de sédiments et de 33 % de celles de phosphore grâce à des dispositifs de contrôle d’érosion au champ et en rive. Le chercheur évalue que la bande riveraine est à elle seule responsable d’une réduction de 10 % de l’érosion.

À l’Université du Québec à Montréal, le document de maîtrise de Louise Hénault-Ethier mentionne des réductions de 71 % à 88,5 % de matières organiques en suspension dans l’eau et de 37 % à 65 % de nitrites et nitrates dissous grâce au travail de la bande riveraine. Ses données ne démontrent pas de diminution de phosphate ni d’azote ammoniacal.

En résumé

L’efficacité d’une bande riveraine à retenir les sédiments et les éléments fertilisants augmente en fonction de sa largeur et diminue selon la pente du terrain.

Le 1er vice-président de l’Union des producteurs agricoles et responsable de ce dossier, Martin Caron, en est conscient. « Ce n’est pas tout d’aménager une bande riveraine; il faut aussi regarder ses pratiques culturales. Dans une pente abrupte, tu as beau mettre 5 mètres de largeur de bandes riveraines, si tu gardes ton sol à nu, il va se ramasser dans le cours d’eau », analyse-t-il, illustrant ainsi les bienfaits des cultures de couverture.