À coeur ouvert 30 mai 2018

Au volant du tracteur qui a causé la mort de son fils

Une ferme peut être le théâtre d’accidents dramatiques. Bernard a causé la mort de son fils au volant de son tracteur. Il témoigne de la grande douleur à laquelle il a été confronté. « Au départ, ç’a été très dur pour nous tous, mais étant donné que c’est moi qui ai causé ça sans le vouloir, j’ai trouvé ça extrêmement difficile. J’étais très émotif et j’ai eu beaucoup de peine. C’est très dur à accepter. On y pense tous les jours. »

Des sentiments de colère, d’injustice et de culpabilité habitent souvent les parents qui perdent un enfant. Quant à Bernard, c’est la culpabilité qui le minait. « C’était moi qui conduisais le tracteur. Oui, on culpabilise longtemps, même si on n’a pas fait exprès. »

Surmonter la culpabilité

coeur_ouvertPour surmonter la culpabilité et parvenir à faire son deuil, il est important d’être bien entouré et soutenu. Bernard a eu cette chance. « Mon père, ma mère et ma conjointe m’ont aidé à passer à travers », dit-il. Il est également allé chercher de l’aide auprès d’un prêtre de la paroisse, « un gars qui a du charisme et de la force ». Ce prêtre a su trouver les paroles qui l’ont apaisé, « des paroles de réconfort pour continuer à vivre », comme le mentionne Bernard.

En outre, ce prêtre l’empêche de s’enfermer dans sa douleur et de s’isoler, ce qu’on peut avoir tendance à faire lors d’un tel drame. « J’avais dit au prêtre que je n’étais pas capable d’aller au service parce que j’avais beaucoup trop de peine, que j’étais très angoissé et que j’étouffais à l’intérieur de moi. Il m’a regardé et m’a dit : “Tout va bien se passer.” C’est vrai aussi. Tout s’est bien passé. L’église était pleine de monde au service, même si c’était un lundi. » Sentir l’appui de sa communauté a été une autre source de réconfort.

Bernard considère que sa grande foi l’a aidé à s’en sortir. « J’avais la foi, la foi était dans la famille. Je pense que c’est ça aussi qui nous a liés, qui m’a aidé à passer à travers. Il faut croire en quelqu’un pour passer à travers tout ça. Je suis certain que le bon Dieu nous a laissé notre plus vieux pour nous aider à continuer. Il faut continuer d’espérer puisque le bon Dieu est toujours là. »

Des parents qui ont traversé le même genre d’épreuve peuvent aussi être d’un grand soutien. Bernard le dit : « On espère que ceux qui vont vivre ça réaliseront qu’ils ne sont pas seuls. C’est déjà arrivé à d’autres. Il y a même eu un couple de l’Ontario qui nous a appelés pour nous faire part de l’accident survenu à sa ferme. »

Aussi, le temps fait son œuvre. « On apprend à vivre avec ça au jour le jour, dit Bernard. Il est arrivé du beau à travers tout ça. On en a eu un autre par après. De plus, on a des beaux petits-enfants qu’on adore. On est chanceux. » 

Chaque année, un gâteau

Chaque année, à la date du décès, Bernard et les siens reprennent le même rituel pour leur « petit ange ». Ils mangent en famille un gâteau sur lequel est inscrit son -prénom. C’est un moyen pour eux de lui dire qu’ils ne l’ont pas oublié et qu’ils continuent la route « unis ensemble ». « Il faut accepter, confie Bernard. Ça m’a pris du temps, mais j’espère bien qu’on va se revoir de l’autre côté. »