Actualités 22 mai 2018

La bioconversion des déchets agroalimentaires par les insectes

Au Québec, l’industrie agroalimentaire génère près de 1,3 million de tonnes de matières organiques putrescibles, dont moins de 25 % sont recyclées par biométhanisation ou compostage, les restes étant enfouis. Malgré une politique de gestion des matières résiduelles musclée, force est de constater que l’objectif de bannir ces matières des sites d’enfouissement d’ici 2022 ne sera pas atteint. De nouvelles avenues de valorisation doivent donc être mises de l’avant.

Un groupe de recherche de l’Université Laval voit dans les insectes une occasion de s’attaquer au gaspillage alimentaire tout en réduisant l’empreinte écologique des grandes productions animales. Le « surcyclage par la production de larves d’insectes » est une opportunité réelle pour valoriser au mieux toutes sortes de matières organiques de façon durable et écologique.

Avantages

Un taux de conversion élevé, de faibles émissions en gaz à effet de serre et de petites superficies d’élevage sont autant d’avantages qui confèrent à cette filière une empreinte écologique minimale. Les produits et marchés sont variés : protéines, huile, compost et autres extraits (chitine, enzymes, antibiotiques).

La production d’insectes de bonne qualité et sains pour le bétail est simple, peu coûteuse et respectueuse de l’environnement. L’idée de produire des insectes de façon industrielle est encore originale. Malgré tout, on voit apparaître des productions d’insectes un peu partout sur la planète.

Au Québec, quelques compagnies qui proposent des produits d’insectes élevés sur des sous-produits maraîchers sont en émergence. Reste à s’assurer que l’ensemble des facteurs pouvant affecter la qualité nutritive des produits d’insectes sera pris en compte (substrats, choix des espèces, modèles industriels proposés, prix, volume, recevabilité, etc.).

L’industrie devra également répondre à de nombreuses questions et cadres économiques, sociaux et législatifs qui restent à être explorés et mériteront une action concertée entre industriels, instituts de recherche et développement et gouvernements

Croissance durable de l’industrie

La croissance durable de l’industrie dépendra de sa capacité à faire face à de nombreux défis. Les émissions en gaz à effet de serre – qui, prévoit-on, augmenteront de 70 % entre 2005 et 2050 – devront être significativement réduites. Des aliments de remplacement pour le bétail devront donc être utilisés, et ce, malgré une hausse effrénée de la demande en produits animaux liée à la croissance de la population mondiale, à l’augmentation des revenus et à l’urbanisation des populations (selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Les grandes exploitations dépendent en effet d’un approvisionnement important en protéines et en lipides de source animale – de qualité constante et à faible coût – pour nourrir leur bétail.

Grant W. Vandenberg, Marie-Hélène Deschamps, Linda Saucier et Marie-Pierre Létourneau-Montminy, Département des sciences animales
Cristina Ratti, Département des sols et de génie agroalimentaire
Lucie Beaulieu et Alain Doyen, Département des sciences des aliments
Charles Lavigne, Centre de développement bioalimentaire du Québec