Actualités 30 avril 2018

Pourquoi se préoccuper des effets de l’évolution du climat en agriculture?

Les producteurs agricoles ont l’habitude de composer avec les caprices de la météo. Toutefois, l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) observée à l’échelle mondiale depuis la fin du 19e siècle modifie graduellement le climat. Les producteurs et les intervenants du secteur agricole québécois devront porter attention à ces changements et à leurs conséquences, et ce, pour plusieurs raisons.

L’évolution du climat est une réalité au Québec et va s’accentuer dans le futur 

Depuis les 30 à 40 dernières années, les températures moyennes annuelles ont augmenté, la saison de croissance est plus longue et plus chaude alors que la saison sans gel s’est allongée. On observe ainsi que le débourrement et la floraison des pommiers ont été, globalement, devancés d’environ 12 et 9 jours respectivement dans le sud de la province au cours des 50 dernières années.

Selon les études les plus récentes, cette tendance va se poursuivre dans le futur. Le tableau ci-dessous dresse le portrait des principaux changements attendus pour l’ensemble du territoire agricole québécois.

Tableau_Ouranos

L’évolution du climat a et continuera d’avoir des impacts sur les productions agricoles

Certains de ces impacts apparaissent, a priori, favorables pour l’agriculture. L’allongement et le réchauffement de la saison de croissance pourraient favoriser la productivité de certaines cultures comme le maïs et le soya. Le rendement des cultures fourragères sera amélioré par la possibilité d’ajouter une coupe supplémentaire, mais leur qualité pourrait diminuer. De plus, certaines cultures ou encore de nouvelles variétés et espèces déjà cultivées dans des régions plus au sud pourraient être implantées plus au nord si le sol et la topographie le permettent.  

Cependant, les changements du climat vont également exacerber certains risques sur lesquels les producteurs et conseillers doivent s’attarder, parmi lesquels la prolifération de certains insectes ravageurs déjà présents et l’établissement de nouvelles espèces. Le risque de mortalité hivernale de cultures fourragères pérennes, comme la luzerne, augmentera selon où l’on se situe au Québec. 

L’augmentation attendue de la fréquence et de l’intensité de certaines conditions climatiques extrêmes pourra être également dommageable pour les cultures et les élevages. Les fortes pluies pourraient accentuer les risques de ruissellement de surface et d’érosion des sols. Inversement, on anticipe un déficit hydrique plus élevé pour plusieurs régions du Québec. La gestion de l’eau au champ et la couverture des sols font partie des enjeux importants pour l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques.

La vulnérabilité aux changements climatiques dépendra du rythme et de l’intensité de ces derniers, mais aussi de la sensibilité des entreprises agricoles et de leur capacité à s’adapter pour gérer les risques et saisir les opportunités qui se présenteront. Les décisions devront s’appuyer sur une collaboration de tous les acteurs du secteur agricole, tout d’abord les producteurs eux-mêmes, mais aussi les conseillers, les institutions, les organismes de recherche et autres intervenants du secteur privé. 

Les agriculteurs ont aussi un rôle à jouer

Le secteur agricole a également un rôle à jouer dans la réduction des émissions de GES. Certaines pratiques culturales, par exemple celles qui favorisent l’augmentation du taux de matière organique du sol, seront bénéfiques à la fois pour l’atténuation des GES (séquestration du carbone dans les sols) et pour l’adaptation aux changements climatiques, notamment par une meilleure infiltration de l’eau lors d’épisodes de pluies intenses. 

 

Quelques ressources supplémentaires

Synthèse des connaissances Ouranos, chapitre agriculture 

Formations en ligne Agriclimat 

Atlas agroclimatique du Québec 

 

Anne Blondlot, agr. Ouranos – Consortium régional sur les changements climatiques