Actualités 13 avril 2018

Pas évident, les patates bio

Les derniers chiffres indiquent que la production de pommes de terre bio au Québec est l’affaire de seulement quatre entreprises spécialisées, qui consacrent un total de 75 ha à ce type de culture. 

Ces statistiques de 2016, provenant de Portail Bio Québec, sont appuyées par les propos de Clément Lalancette, directeur général des Producteurs de pommes de terre du Québec. « Ce n’est pas évident, les patates bio! Ça ne se développe pas beaucoup. Leurs rendements sont la moitié moindres que sous régie conventionnelle et elles sont vendues à presque le double du prix, ce qui limite la mise en marché », résume-t-il.

Cependant, M. Lalancette précise que la production de pommes de terre bio « a sa place au Québec », ajoutant que la croissance de ce secteur passe indubitablement par de plus amples activités de recherche afin d’améliorer le rendement et de diminuer les contraintes.

Abandon

À Saint-Thomas de Joliette, dans Lanaudière, l’expérience du bio n’a pas été concluante pour Martin Goyet, dont l’entreprise possède plus de 1 000 ha dédiés à la culture des pommes de terre. « On a fait un peu moins qu’une dizaine d’hectares en bio. Les rendements ont atteint environ 65 % de ce que nous obtenons dans le conventionnel. Une belle réussite », résume le producteur. 

Cependant, bien qu’il affirme que les résultats sont « agréables et surprenants », Martin Goyet ne
répétera pas l’expérience du bio cette année. « Des patates comportant des gales ou présentant des fissures de croissance ont été déclassées. Elles étaient bonnes et auraient pu être consommées. Mais les grandes chaînes et les clients veulent les mêmes standards dans le bio que dans le conventionnel : ça n’a pas de bon sens! » déplore M. Goyet.

Au-delà du classement, le plus gros problème qu’a vécu le producteur avec le bio concerne la mise en marché, puisque 80 % de ses pommes de terre officiellement certifiées bio ont dû être vendues au prix du conventionnel, faute de demande. 

« Notre client du marché de la table nous a dit que l’avenir était dans le bio. Il pensait percer, mais non. De plus, la demande en bio n’est pas assez forte pour faire rouler un poste d’emballage », mentionne M. Goyet, un producteur de vrac.

Logistique difficile

Habitué à de grands volumes, l’emballeur devait procéder à des travaux d’assainissement chaque fois qu’il passait du conventionnel au bio, et ce, même pour de petites quantités. « Une gestion impraticable », affirme M. Goyet, qui devait laver son équipement de semis, de désherbage et de récolte à la vapeur pour éviter la contamination croisée. « Pour une personne qui fait uniquement du bio, dans un marché de niche, pas de problème, mais pour nous, c’est plus compliqué », résume-t-il.