Vie rurale 15 mars 2018

Épopée au cœur d’une grande famille d’autrefois

Dans son plus récent film Les lettres de ma mère, qui prend l’affiche à Montréal et à Québec le 16 mars, le documentariste Serge Giguère rend hommage au Québec rural des années 1950. « C’est un constat d’où on vient », confie le réalisateur, en entrevue à La Terre.

Il replonge dans les mots de sa propre mère, Antoinette Vézina, qui a élevé 16 enfants à Arthabaska, bourgade annexée à Victoriaville depuis. Sur une période de 10 ans, cette femme forte et débrouillarde a écrit une centaine de lettres à son aîné Henri, parti de la maison pour devenir prêtre. Elle y décrit son quotidien et ses inquiétudes pour chacun de ses enfants.

Des ombres chinoises mettent en scène le personnage de la mère du documentariste, Antoinette Vézina. Crédit photo : Gracieuseté des Films du Rapide-Blanc
Des ombres chinoises mettent en scène le personnage de la mère du documentariste, Antoinette Vézina. Crédit photo : Gracieuseté des Films du Rapide-Blanc

Des poulettes à arranger

Des 96 $ de poches de moulée à payer aux 300 pieds de fraises plantés, tout y est détaillé. Même la fois où son époux lui a demandé d’arranger une poulette à  22 h 40 le soir. « Ça faisait une minute que j’étais couchée. Je t’assure que ça me coûtait de me lever. Ça aurait été de valeur de la perdre. Je l’ai vendue deux piasses le lendemain », écrit-elle.

Serge Giguère redonne vie à ces lettres d’ingénieuse façon, tantôt par des ombres chinoises, tantôt par du bricolage à partir de photos d’époque.

C’est à sa fille Katerine que Serge Giguère a confié la direction photo de son film. Crédit photo : Alain Giguère
C’est à sa fille Katerine que Serge Giguère a confié la direction photo de son film. Crédit photo : Alain Giguère

Réaction des frères et sœurs

Les frères et sœurs encore vivants témoignent pratiquement tous dans le film. Il faut voir l’expression faciale de Gaston lorsque son jeune réalisateur de frère lui lit un extrait où leur mère le traite de menteur… « Je faisais une farce et elle pensait que je lui contais un mensonge! » se défend l’homme âgé.

Le documentariste estime que son film pourrait être utile aux immigrants désireux de comprendre les racines de leur terre d’accueil. « Ce que je ne sais pas, par contre, c’est si ça va intéresser les jeunes », mentionne celui qui souhaiterait contribuer à la transmission de la mémoire collective.

Le documentariste a hérité de la débrouillardise de sa mère pour illustrer le contenu des lettres. Crédit photo : Gracieuseté des Films du Rapide-Blanc
Le documentariste a hérité de la débrouillardise de sa mère pour illustrer le contenu des lettres. Crédit photo : Gracieuseté des Films du Rapide-Blanc

Au cours de la prochaine année, Les lettres de ma mère est censé faire la tournée régionale des ciné-clubs. D’ici là, il est possible de le voir au Cinéma Beaubien de Montréal et au Cinéma Cartier de Québec. D’ailleurs, Serge Giguère assistera à la projection de Québec le soir du 16 mars, qui sera suivie par une période de discussion.