Politique 22 novembre 2017

Les 4 As du municipal

BÉCANCOUR — Ils sont agriculteurs et ensemble, ils cumulent près de cent ans d’expérience à titre de maires de leur municipalité. Ces quatre as de la MRC Bécancour ont la main heureuse.

Ils viennent de réaliser une quinte flush royale avec le déploiement d’un réseau de fibre optique sur tout leur territoire, jusque dans le fond du dernier rang. On parle maintenant du modèle de Bécancour pour ce projet de 15 M$, un fleuron pour ces maires agriculteurs, agents de changement dans leur milieu.

« Auparavant, ça ressemblait à l’émission de télévision Les Arpents verts. Il fallait monter en haut du poteau pour envoyer un fax, témoigne Jean-Guy Beaudet, de Sainte-Sophie-de-Lévrard. On vient de changer de siècle. »

« Pour voir un film, il fallait le télécharger 24 heures à l’avance », ajoute en rigolant Jean-Louis-Bélisle, de Lemieux.

Mario Lyonnais, maire de Sainte-Françoise et préfet de la MRC, ainsi que Guy St-Pierre, de Manseau, avouent candidement que faute de connaissances pertinentes dans le domaine, ils ont laissé passer la première version du programme de subventions Québec branché en 2003-2004. Le développement fulgurant d’Internet et l’arrivée des nouvelles technologies à la ferme comme les robots de traite leur ont pour ainsi dire forcé la main.    

« Notre projet, c’était de desservir l’ensemble du territoire, pas juste d’aller chercher de l’argent en se limitant aux secteurs les plus payants », précise Guy St-Pierre. S’il reste quelques cas isolés, reconnaît-il, le réseau a été prolongé de 7 km pour rejoindre une seule résidence.

À la suite d’un appel d’offres, la compagnie Sogetel s’est impliquée dans l’exploitation du réseau. Le plus beau de l’histoire, c’est que les municipalités retireront de généreux dividendes de leur investissement.

« Le ministère a utilisé notre projet pour monter son prochain dossier de subventions », ajoute Mario Lyonnais. Celui-ci espère d’ailleurs que la ministre responsable de la Stratégie numérique, Dominique Anglade, va reconnaître leurs efforts en acceptant de contribuer financièrement à leur initiative innovante.

Conscients de leur influence à titre de moteur de changement, les maires n’entendent pas s’arrêter là. Ils visent maintenant une amélioration notable du service de téléphonie cellulaire. Là encore, c’est le tiers-monde! Le vétérinaire, donne pour exemple Guy St-Pierre, doit parfois se déplacer sur le bord du chemin afin d’obtenir une liaison.

Le quatuor, qui « se voit plus souvent que [ses] blondes », compte bien d’autres étoiles à son actif, notamment dans le domaine de la prévention des incendies. Il a réussi à réunir au sein de la MRC le service des pompiers de 11 municipalités, que chacune considérait pourtant comme une chasse gardée. La Mutuelle des incendies a d’ailleurs reconnu cet exploit en lui décernant son prix annuel pour le déploiement des ressources et la sécurité des citoyens. « Nous avons été les premiers au Québec à géoréférencer tous les bâtiments sur notre territoire », clame fièrement Jean-Louis Bélisle.

Ces maires agriculteurs savent aussi faire contre mauvaise fortune bon cœur. À la dissolution des conférences régionales des élus et à la fin du pacte rural, ils ont veillé à conserver l’agriculture comme assise du développement régional. Dans cette veine, ils sont ainsi parvenus à préserver leur table de concertation agroalimentaire, aujourd’hui Développement bioalimentaire Centre-du-Québec. Créé il y a une vingtaine d’années, cet organisme vise à aider les entreprises à placer les produits alimentaires régionaux sur les tablettes d’épicerie et dans les circuits courts.

« L’agriculture est importante pour l’économie de la région, lance Mario Lyonnais. On n’a jamais laissé tomber la table de concertation et on a toujours continué à se parler. » 

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