Économie 5 juin 2017

L’IEDM veut mettre fin à la gestion de l’offre pour 13 G$

L’Institut économique de Montréal (IEDM) revient à la charge contre la gestion de l’offre en proposant d’offrir 13 G$ aux agriculteurs pour mettre fin à ce système.

L’IEDM, un think tank économique financé par le privé, estime que la fin de la gestion de l’offre ferait baisser le prix du lait. Cette analyse des prix est cependant fortement contestée par les Producteurs de lait du Québec (PLQ).

L’Institut affirme que le prix du lait baisserait dès le début de cette politique. L’IEDM calcule, selon une « estimation prudente », que le prix du 2 litres de lait serait de 2,08 $ sans la gestion de l’offre, contre 4,93 $ actuellement. L’IEDM explique se baser sur une analyse des écarts de prix entre le Canada et les États-Unis depuis 15 ans.

Les PLQ citent de leur côté un prix moyen calculé par la firme Nielsen pour 2016 en se basant sur l’ensemble du lait acheté dans les deux pays. Le prix moyen du litre de lait était de 1,48 $ au Canada et de 1,22 $ aux États-Unis, soit un écart moindre que celui de l’IEDM. « Les hypothèses de l’IEDM sont toujours que le prix sans gestion de l’offre se collerait sur le prix américain, alors que ce n’est pas démontré dans aucun domaine de l’économie », critique François Dumontier, qui accuse même l’IEDM de « tripotage » de chiffres. Il cite notamment le choix du format de 2 litres de lait entier, alors que le lait entier est le plus cher et le moins vendu au Canada. Daniel-Mercier Gouin a aussi affirmé, dans une lettre publiée par Le Soleil le 2 juin, que l’IEDM a comparé le prix pour un litre au Canada avec le prix au gallon aux États-Unis. Il s’agit du format le plus cher ici et du moins cher chez nos voisins.

13 G$ ou 34 G$

L’IEDM parle depuis longtemps du prix du lait, mais s’intéresse cette fois-ci au prix des quotas dans une perspective de dédommager les producteurs si un gouvernement mettait fin à la gestion de l’offre. Le chercheur associé à l’IEDM Vincent Geloso et l’analyste Alexandre Moreau en viennent à une compensation de 13 G$ en se basant sur la valeur comptable des quotas et non sur leur valeur marchande (34 G$ en 2015). L’idée est d’éviter d’indemniser de façon excessive ceux qui ont acquis leurs quotas de production à un prix moindre dans le passé. Pour financer le rachat des quotas, l’IEDM propose une taxe équivalant à 11,5 ¢ du litre de lait jusqu’au paiement des 13 G$.

« Tous les partis politiques au fédéral et au provincial sont pour la gestion de l’offre. C’est un débat théorique qui ne répond à aucune demande », a commenté François Dumontier, porte-parole des PLQ, qui ne se prononce pas directement sur ce montant avancé par l’IEDM.