Actualités 29 mars 2017

« La production de céréales en arrache au Québec »

DRUMMONDVILLE — La rentabilité des entreprises de grandes cultures représente un réel défi actuellement, surtout dans les régions périphériques où les revenus associés à la culture des céréales désappointent les producteurs.

Le fossé se creuse entre les régions

Sans les rendements élevés des deux dernières années, les profits seraient nuls chez la plupart des entreprises de grandes cultures, même celles qui cultivent du soya et du maïs, ont souligné les dirigeants des Producteurs de grains du Québec lors de leur assemblée générale annuelle du 23 mars dernier à Drummondville.

La situation se corse particulièrement dans les régions plus nordiques du Québec, où le climat ne permet pas de cultiver de maïs ni de soya. « La production de céréales en arrache présentement dans certaines régions. Des producteurs qui cultivent uniquement des céréales à paille ont de la difficulté à se verser un salaire. Certains doivent faire du bois de chauffage ou du déneigement pour arriver. Le fossé se creuse entre les producteurs de grains des régions centrales et périphériques », constate Guy Sabourin, président du Syndicat des producteurs de cultures commerciales Outaouais-Laurentides.

Au Bas-Saint-Laurent, Firmin Paquet fait des observations similaires. « Les prix dans les céréales se sont “effoirés” et la réforme de l’ASRA [programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles] nous a fait perdre en moyenne 70 $ l’hectare dans l’avoine. Dans l’orge et le canola, ce n’est guère mieux. Pour le blé, la perspective de prix est un peu meilleure, mais les coûts de production sont plus élevés, alors si tu n’atteins pas de bons rendements, tu n’améliores pas ton sort », explique-t-il. Cet agriculteur situé près d’Amqui affirme que les producteurs de grains de sa région sont embêtés en ce début de printemps. « Plusieurs se demandent quelle culture semer pour être rentable… La réponse n’est pas évidente. On ne sait pas trop où on s’en va », souligne-t-il.

À ce sujet, Firmin Paquet précise que le peu de profits réalisé dans les régions « à céréales » crée un cercle vicieux : les producteurs peinent à investir pour améliorer leurs terres et leurs équipements, ce qui limite les rendements, et ainsi de suite.

Se diversifier

Le président des Producteurs de grains du Québec, Christian Overbeek, admet que la situation est plus difficile dans certaines cultures, mais invite les producteurs à diversifier leur production lorsque les marchés le permettent. Il cite en exemple le blé de consommation humaine et les légumineuses. Le président affirme cependant que des discussions sont en cours avec La Financière agricole du Québec afin d’inciter l’organisme à revoir ses modèles de coûts, notamment dans l’avoine. Il veut un programme de sécurité du revenu qui assure la pérennité des entreprises.

La Financière agricole du Québec se dit pour sa part consciente de la problématique exprimée par les producteurs, mais ne prévoit pas de mesures compensatoires spéciales pour le moment dans les céréales. « Le CECPA [Centre d’études sur les coûts de production en agriculture] a réalisé son étude sur la production de céréales auprès de fermes majoritairement situées dans les régions éloignées. L’étude reflète des coûts de production à la baisse dans ces entreprises, ce qui explique la diminution des compensations », explique son porte-parole, Louis-Pierre Ducharme.