Élevage 29 août 2014

La réforme de l’emploi menace la filière avicole

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De concert, tous les acteurs de la filière avicole demandent la reconnaissance du statut de travailleur agricole pour les ramasseurs de volailles. De 50 à 70 % de ces emplois sont occupés par des travailleurs étrangers temporaires (TET), car il y a une pénurie de main-d’œuvre pour ce corps de métier.

« Au Québec, il y a 182 millions d’oiseaux, tout type de volaille confondu, à sortir des poulaillers annuellement. Les ramasseurs de volailles représentent un maillon fondamental de notre secteur d’activité. C’est pourquoi toute la filière avicole est solidaire dans ce dossier. En fait, nous travaillons tous en étroite collaboration pour faire reconnaître le statut de travailleur agricole aux ramasseurs de volailles », indique Daniel Dufour, secrétaire de l’Association des abattoirs avicoles du Québec.

Puisque le gouvernement fédéral ne reconnaît pas les ramasseurs de volailles comme des travailleurs agricoles et considérant la réforme du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), les employeurs de ce secteur d’activité vont devoir respecter de nouvelles règles d’embauche. Cela limitera l’accès à cette main-d’œuvre essentielle pour la filière avicole.

Une pénurie bien réelle

« En janvier dernier, j’ai reçu 104 curriculum vitæ (CV) de travailleurs. De ce nombre, il ne reste que quatre travailleurs en poste. En 2013, pour 102 CV, un seul travailleur est toujours actif. Le métier de ramasseur de volailles est exigeant physiquement et les horaires de travail atypiques font en sorte que c’est difficile pour un employé de conjuguer travail et famille », explique Michel Légaré, de Service avicole JGL.

Les cinq entreprises spécialisées dans le ramassage de volailles au Québec, qui font venir des TET par l’entremise de FERME, avaient reçu 489 CV depuis le début de l’année. De ce nombre, 31 travailleurs étaient toujours en poste en date du 1er juillet 2014. « Nous sommes constamment en recrutement. Cette année encore plus vu le nombre de TET à qui l’on a refusé l’accès », souligne Michel Légaré.

La réforme du fédéral laisse planer une réelle menace pour l’ensemble des acteurs de la filière avicole. « Les calendriers d’abattage de la volaille sont planifiés un an à l’avance », donne en exemple Daniel Dufour. Le moindre retard dans les horaires de ramassage aurait un impact sur l’approvisionnement des abattoirs, le poids de sortie des oiseaux et, par le fait même, sur les exigences des restaurateurs, etc.

Michel Légaré a recours aux TET depuis huit ans. Si, dans le passé, on réunissait le plus de personnes possible du village lorsqu’il fallait sortir la volaille des poulaillers, une telle pratique ne serait plus envisageable aujourd’hui. « Les travailleurs doivent être formés pour manipuler avec soin la volaille et respecter les normes de bien-être animal édictées par l’Agence canadienne d’inspection des aliments. De plus, il y a des normes de biosécurité à respecter », précise-t-il. En 2014, l’entreprise de Michel Légaré compte de 75 à 80 employés; les TET représentent 68,5 % de son effectif.

« Avec la réforme, l’entreprise aurait le droit d’embaucher seulement 20 % de TET dès janvier 2015 et 10 % en 2016. Il y a aussi une hausse de 365 % du coût lié à l’étude du dossier de chaque TET », précise-t-il.

La filière avicole a demandé une rencontre avec les ministres de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI), de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) ainsi que de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS). « Il faut sensibiliser les décideurs du Québec, car le secteur avicole vit une pénurie de main-d’œuvre importante. Sans les TET, il sera très difficile de maintenir la viabilité de notre entreprise », conclut Michel Légaré.