Actualités 6 octobre 2014

Enfin une récolteuse pour la camerise!

Camerise_debut

Une récolteuse spécialisée pour la récolte de la camerise a été importée de Pologne par le regroupement de producteurs Boréalis, au Lac-Saint-Jean, afin d’offrir un service de récolte mécanisée aux 40 producteurs de la région qui ont mis en terre plus de 90 000 plants depuis 2007.

« Une chose est certaine : sans la récolteuse, il n’y aurait pas eu de récolte de camerise. Tous ceux qui se sont lancés dans l’aventure avec une récolte manuelle ont abandonné », souligne André Gagnon, producteur de camerise et fondateur de Boréalis. L’entreprise de récolte, d’achat et de conditionnement de la camerise du Saguenay–Lac-Saint-Jean a fait l’achat de la récolteuse Joanna-3 à un coût de 35 000 $.
GR_Camerise_21Les fruits qui sortent du convoyeur sont si propres qu’ils sont traités immédiatement à leur arrivée à l’usine de congélation.Cet achat a été une bonne décision, affirme André Gagnon, qui est également directeur adjoint du MAPAQ Saguenay–Lac-Saint-Jean. « Nous sommes très surpris de l’efficacité de la machine et de la qualité des fruits. À mon avis, cette machine pourrait récolter de 8000 à 10 000 plants par jour ».

Le potentiel maximal de la machine est difficile à évaluer, car trop peu de plants ont atteint un rendement maximal pour l’instant. D’ici à 2015, la récolteuse fonctionnera à plein régime, et il sera peut-être nécessaire d’en acheter une autre pour suffire à la demande, selon M. Gagnon.
Certains ajustements
Préalablement destinée à la récolte d’amélanches et de cassis, la récolteuse a dû être légèrement modifiée pour traiter la camerise. De plus, il importe de préparer les vergers pour optimiser la performance de la machine.

Premièrement, une taille doit être réalisée au centre du plant afin de le séparer en deux, faisant en sorte que la récolteuse puisse rabattre toutes les branches d’une section lors de son passage. Deuxièmement, un élagage de 15 cm est nécessaire au bas du plant pour faciliter la récolte. « Le but de cet élagage est d’éviter que la plante ne concentre ses énergies dans les fruits du bas qui seront difficilement récoltables, note François Tremblay, responsable du suivi des performances de la récolteuse pour le centre de transfert de technologie Agrinova. Les rendements prévus étaient de 95 %. En élaguant les branches du bas pour concentrer les fruits en hauteur vers le centre de l’arbre, nous sommes parvenus à une efficacité de récolte de 90 %. »

En cette première année de récolte, les taux de pertes ont été plus élevés que prévu, car les plants n’étaient pas taillés adéquatement. « Même si on a eu des pertes au sol, elles ont été moindres que celles associées à une récolte manuelle », croit M. Tremblay. De fait, la récolte manuelle s’avère souvent trop longue, entraînant des pertes associées au prélèvement des oiseaux et au vieillissement des fruits.

Une machine performante
En 20 minutes, la récolteuse peut cueillir une rangée de 100 m, alors qu’un cueilleur récolte 2,5 m. « La machine est efficace comme 30 à 50 cueilleurs. Il reste à comparer les techniques manuelle et mécanique pour connaître le rendement économique de la machine et savoir combien d’années ça prendra pour rentabiliser l’investissement », conclut M. Tremblay.GR_Camerise_31

 

Le travail de l’opérateur est très important. « Il doit ajuster la vitesse du peigne à la vitesse du tracteur et régler la force de vibration du peigne pour éviter d’arracher des branches. Il contrôle la vitesse du convoyeur et la force du souffleur qui doit être optimisée pour nettoyer les fruits sans les briser. Finalement, il doit s’assurer que les boîtes de remplissage ne soient pas trop pleines, car la camerise est assez fragile », explique André Gagnon.

Se regrouper pour optimiser
« Nous avons créé une CUMA [coopérative d’utilisation de machinerie agricole] pour faire la récolte mécanisée de la camerise. Nous proposons le service de récolte à tous les producteurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean », précise Frédéric Côté, un des cinq producteurs propriétaires de Boréalis. La machine est offerte en location à 40 $/h, opérateur compris. « Nous proposons aussi aux producteurs d’acheter leurs fruits s’ils le désirent », mentionne-t-il.

La plupart des fruits sont acheminés à l’usine de congélation de Saint-Bruno. « Les fruits frais sont assez fragiles. Après une récolte mécanique, il est préférable de les congeler. Une partie de la récolte est vendue fraîche au Marché du Vieux-Port de Chicoutimi et chez les producteurs locaux », ajoute M. Côté.

La production prend de l’ampleur
Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, 45 hectares de camerises ont été plantés depuis 2007. Selon le MAPAQ, l’implantation d’un verger de camerises coûte environ 20 000 $ par hectare, à raison de 2000 plants/hectare. Un plant coûte 4 $. La plupart des plants ont été mis en terre en 2009 et en 2010.

La camerise produit ses premiers fruits après deux ans, et une récolte commerciale arrive généralement à la quatrième année. Le plant est à pleine maturité après sept ou huit ans. Avec une taille de rajeunissement, ils peuvent vivre très longtemps, un peu comme un framboisier. À maturité, un plant de camerises produit de 2 à 4 kg, et un champ génère jusqu’à 8000 kg de fruits à l’hectare. L’an dernier, le prix de la camerise a atteint 12 $ le kilo, alors que cette année, il a été fixé à 10 $.

 

Démonstration du fonctionnement de la récolteuse

La récolteuse balaie les plants de camerises

Les fruits sont acheminés sur un convoyeur