Élevage 1 mars 2011

Ferme Béliry – Warwick

Depuis quelque temps, Sylvie et Fernand Béliveau réfléchissaient à l’avenir de leur entreprise laitière, car aucun de leurs enfants n’avait montré d’intérêt pour prendre la relève. Jusqu’au jour où Stéphanie, une de leurs filles, s’est manifestée. « Lorsque nous étions jeunes, mes parents avaient acheté 80 chèvres laitières. J’avais aimé ce genre d’élevage », relate-t-elle. L’idée lancée, le projet de chèvrerie a pris forme. C’est alors que Mylène, leur deuxième fille, a annoncé qu’elle souhaitait se joindre au projet. En avril 2009, le troupeau de vaches laitières prenait définitivement la porte de sortie de la Ferme Béliry.

Dès le départ des vaches laitières, l’équipe a commencé les travaux. « Nous avons tout réalisé nous-mêmes », raconte Stéphanie. L’expérience de Sylvie et Fernand avec les animaux a grandement aidé lors de la réalisation des travaux. « Un des secrets de la réussite, c’est d’être bien installé », mentionne Fernand Béliveau. Ce dernier ajoute qu’ils ont pensé l’aménagement des bâtiments de façon à ce que la manipulation des animaux soit simple : « Les filles devaient être capables de réaliser toutes les tâches seules. » Par exemple, l’enclos de chaque bouc s’ouvre sur un corridor le menant directement à une aire de saillie.

Devant les enclos des boucs se trouve la pouponnière. À l’entrée, Fernand a installé un comptoir, un évier et un réservoir à eau chaude. « C’est pratique d’avoir accès à de l’eau chaude près de l’endroit où l’on prend soin des chevreaux », mentionne Stéphanie. Au fond des parcs de la pouponnière, près du mur, se trouve le dalot. « Une fois par semaine, on nettoie les parcs. C’est facile; on dégage le dalot, on l’ouvre, puis on pousse tout dedans », explique Stéphanie. Grâce à une louve qu’ils ont installée, les petits ont du lait à volonté.

Les talents de soudeur de Fernand ont été d’une grande aide : « On voulait acheter le moins de métal possible; on a donc recyclé beaucoup de matériaux. Pour les mangeoires, la barre d’attache anciennement attitrée aux vaches laitières a été utilisée. » Les barrières d’enclos à vêlage servent maintenant pour les parcs, et un système de portes coulissantes a été réutilisé au bout de l’allée d’alimentation. Au sol, les anciennes mangeoires en fibre de verre pour les vaches laitières ont été récupérées pour les chèvres. Le cheptel caprin est composé de 217 laitières, l’objectif étant de l’amener à 350 bêtes. En plus grand nombre, elles pourront être soignées avec la RTM (ration totale mélangée) utilisée auparavant pour les vaches.

Le bâtiment compte deux grands parcs séparés par l’allée d’alimentation : chacune de ces aires rassemble une centaine de chèvres. Lors de la traite, un premier groupe de chèvres avance jusqu’à la moitié du parc, puis une clôture est fermée. On répète la même chose dans l’autre parc. La moitié libérée du deuxième parc accueille les chèvres à la sortie de la salle de traite. Pour faire passer les chèvres d’un endroit à l’autre, un couloir est formé à l’extrémité des deux parcs à l’aide de clôtures. Éventuellement, les chèvres reviennent dans leur enclos initial.

« J’ai magasiné la salle de traite sur Internet. J’ai d’abord regardé une vidéo sur YouTube. Il s’agit d’une salle de traite à stalles, à sortie rapide par l’avant. Le système est fabriqué par la compagnie Albouy, à Baraqueville en France. C’était la première fois que cette entreprise expédiait du matériel en Amérique du Nord », lance Stéphanie. La salle de traite a donc traversé l’Atlantique par bateau dans de petites boîtes! « Le montage s’est bien déroulé, les instructions étaient faciles à suivre, et des guides étaient fournis », explique Fernand. Quelques demandes d’informations ont aussi été envoyées par courriel.

Lorsque la première chèvre entre sur le quai, elle longe un corridor et entre dans la dernière stalle. À ce moment, un panneau bloquant l’entrée de la section suivante s’ouvre et ainsi de suite. Il y a 20 stalles de chaque côté et un cornadis maintient la chèvre en place. Cette dernière a alors accès à du maïs. En tout, 20 unités de traite avec retrait automatique permettent de traire 217 chèvres en 47 minutes. Une fois la traite terminée, l’auge s’élève pour laisser sortir les bêtes. À ce moment, on actionne une vis sans fin pour remplir de nouveau la mangeoire, puis le système est redescendu.

La première traite a eu lieu en mars 2010, chez toutes les chèvres de première lactation. « Nous avons acheté quatre lots de chevrettes âgées de 4 à 7 mois à partir de mai 2009 », précise Stéphanie. Elle explique que le choix des éleveurs s’est fait de façon rigoureuse afin d’assurer la qualité sanitaire du troupeau. À l’extérieur, des travaux d’agrandissement vont bon train. « On construit une aile supplémentaire afin d’augmenter le nombre de chèvres et d’atteindre notre objectif de 350 laitières », conclut Stéphanie.