Actualités 6 février 2023

Le covoiturage au secours du transport des produits alimentaires de la Côte-Nord

L’application de covoiturage Colinor vient d’être lancée. Selon les estimations de la Table bioalimentaire Côte-Nord, instigatrice du projet, cette solution pourrait venir en aide notamment à des dizaines d’entreprises du secteur alimentaire de la région.

Marc Normand
Marc Normand

« De nombreux entrepreneurs du secteur alimentaire nous confiaient leurs enjeux par rapport à la distribution de colis. C’est pour ça qu’on a cherché une solution pour les aider. L’application qu’on a développée est toutefois ouverte aux entreprises de tous les secteurs, et pourrait même être étendue à d’autres régions », explique Marc Normand, directeur général de cette table régionale. Pour développer la plateforme Colinor, l’organisme a fait affaire avec Toucan Solutions, une entreprise spécialisée dans les plateformes logistiques, notamment dans le secteur alimentaire.

Matchs parfaits

Entreprises et particuliers peuvent l’utiliser en se rendant à l’adresse colinor.com. Il suffit de se créer un profil d’usager et d’inscrire les trajets qu’on prévoit effectuer ou les colis à faire transporter. L’application suggère des matchs parfaits. Les gens peuvent aussi se contacter directement. « On a créé une grille de tarifs suggérés, selon la grosseur des colis à transporter, mais on laisse les usagers s’entendre entre eux », précise M. Normand.

Alex Beaudin, de la Coopérative Le Grenier Boréal, s’apprête à envoyer un colis grâce à la nouvelle application. Photo : André Bernard
Alex Beaudin, de la Coopérative Le Grenier Boréal, s’apprête à envoyer un colis grâce à la nouvelle application. Photo : André Bernard

Il estime que cette application a le potentiel d’aider les entreprises à sauver des coûts, à diminuer leur empreinte écologique en optimisant les déplacements, et même à carrément suppléer au manque de transport. « Dans certains secteurs de la région, c’est très difficile d’envoyer des colis. Il n’y a plus de comptoir d’expédition par autobus à Sept-Îles ni à Port-Cartier. Il faudrait aller à Baie-Comeau, à plus de 200 km! Dans d’autres endroits comme à Natashquan, un transporteur s’y rend à l’occasion, mais pas toujours. »

La coopérative Le Grenier Boréal, située à Longue-Pointe-de-Mingan, assume des trajets d’un total de 350 km aller-retour pour approvisionner des clients de Sept-Îles. « L’application va nous permettre d’optimiser nos déplacements. Par exemple, en se rendant à Sept-Îles, on pourrait récupérer un colis sur le chemin du retour et ainsi rentabiliser légèrement ou totalement notre déplacement. Tout le monde y gagne », mentionne le vice-
président, Alex Beaudin.

Selon Sandra Blais, copropriétaire de la Ferme Maricole Purmer et présidente de la Table bioalimentaire Côte-Nord, des transporteurs pourraient aussi y trouver leur compte. « Si un camion se rend à Sept-Îles et revient vide, le transporteur pourrait utiliser l’application pour offrir cet espace libre. J’y crois beaucoup, à cette application! »

Julie Bérubé, copropriétaire de la Ferme Manicouagan, de Pointe-Lebel, compte bien tenter sa chance également. « J’ai hâte de voir ce que ça va donner. Mon espoir est d’en arriver à diminuer mes coûts, affirme-t-elle. J’ai déjà payé 30 $ pour envoyer une caisse de 12 sauces de Baie-Comeau à Sept-Îles par un transporteur. Je dois donc rajouter 2,50 $ par bouteille à mon prix de vente. Ça m’empêche de développer mon marché. J’espère qu’il y aura assez de monde qui va s’inscrire, car c’est ce qui fera la différence. »

Le développement de l’application a nécessité un investissement total de 235 000 $ et a bénéficié d’une aide de 188 330 $ accordée par le gouvernement du Québec dans le cadre du programme Territoires : laboratoires d’innovations bioalimentaires.