Actualités 23 janvier 2023

Dernière saison de production de fraises pour David Lemire

Après une dernière saison en 2023, la Ferme horticole Gagnon de Trois-Rivières mettra un terme à 60 ans de production de fraises pour se concentrer sur les grandes cultures biologiques et le maïs sucré.

« J’ai eu vraiment une bonne opportunité pour l’achat de terres en grandes cultures biologiques et ma relève est plus attirée par cette production que par l’horticulture », a confirmé par texto son propriétaire, David Lemire, qui est également président de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec (APFFQ). Son successeur sera élu à la prochaine assemblée générale annuelle de l’organisation, qui se tiendra le 22 février, à Victoriaville.

L’agriculteur précise qu’il conservera ses terres de Trois-Rivières pour la production de maïs sucré et qu’il produira des grandes cultures biologiques à Yamachiche et à Shawinigan. « Nous aurons un total de 1 800 acres en cultures biologiques, donc impossible de faire des fraises en même temps », ajoute-t-il. En revanche, il continuera à cultiver des légumes et à commercialiser des fraises achetées d’autres producteurs de la région à travers son réseau de 23 kiosques en Mauricie.

Tous ces changements seront en vigueur à compter de 2024, réitère-t-il. La saison de production de fraises de 2023 aura lieu comme prévu.

De la main-d’œuvre qui coûte cher

La semaine dernière, le ministère du Travail a annoncé que le salaire minimum au Québec augmentera de 1,00 $ l’heure, le 1er mai, pour atteindre 15,25 $ l’heure. Ce sera donc ce taux plancher qui devra être versé aux travailleurs étrangers temporaires agricoles la saison prochaine, plutôt que celui de 15,17 $ l’heure annoncé plus tôt en début d’année par le ministère provincial de l’Immigration.

S’il justifie principalement sa décision d’arrêter la culture de petits fruits par l’occasion d’achat de terres en grandes cultures qu’il ne pouvait pas refuser, David Lemire ne nie pas que le fardeau de la main-d’œuvre devient de plus en plus lourd à porter pour les producteurs de fraises et framboises comme lui, dont environ 50 % des dépenses à la ferme sont destinées au salaire des travailleurs. Les grandes cultures, elles, requièrent moins de travail manuel. « Je ne vous cache pas qu’il y aura de plus en plus de défis avec la [main-d’œuvre] et la dernière hausse [du salaire minimum] confirme ça », indique-t-il.

La directrice générale de l’APFFQ, Jennifer Crawford, se dit quant à elle préoccupée de voir des agriculteurs expérimentés arrêter la production de fraises. Elle rappelle l’abandon l’an dernier d’un autre producteur important, Donald Pouliot, de la Ferme Donabelle. « Quand des producteurs comme David et Donald, qui sont de super entrepreneurs avec un grand savoir-faire, prennent cette décision-là, c’est un indicateur que quelque chose ne tourne pas rond », exprime-t-elle.