Actualités 1 septembre 2022

Le PAD connaît déjà un succès auprès des agriculteurs

Le Plan d’agriculture durable (PAD) est assorti d’une enveloppe budgétaire de 125 M$, dont 70 M$ serviront à la reconnaissance des efforts déployés par les productrices et les producteurs pour modifier leurs pratiques agroenvironnementales. Cette mesure connaît déjà du succès auprès de ceux-ci.

Nicolas Gamache
Nicolas Gamache

Dans un premier temps, selon Nicolas Gamache, conseiller au PAD à l’ITAQ, le gouvernement voulait convertir 75 000 hectares de terre à de meilleures pratiques agricoles. En l’espace de 24 heures, 1 864 entreprises s’étaient inscrites, ce qui a permis de combler la totalité des superficies. « Un budget supplémentaire de 29 M$ a été octroyé afin d’ouvrir une 2e période d’inscription en janvier 2023 », ajoute-t-il.

Cet engouement montre bien la volonté collective de changer les pratiques, ajoute le conseiller au PAD. « Personne n’utilise des pesticides pour le plaisir et plusieurs productrices et producteurs sont prêts à adopter des pratiques alternatives pour répondre aux objectifs du PAD », note-t-il.

Des cibles ambitieuses

Améliorer la santé et la conservation des sols fait partie des cinq objectifs clés du PAD. D’ici 2030, le gouvernement s’est fixé l’objectif que 75 % des superficies cultivées soient couvertes en hiver par des cultures ou par des résidus de cultures et que 85 % des sols agricoles aient un pourcentage de matière organique de 4 % et plus. Pour ce faire, il mise notamment sur la rétribution des pratiques agroenvironnementales, basée sur l’atteinte de résultats et le partage des risques.

Les pratiques axées sur la santé et la conservation des sols comme le semis direct, les cultures de couverture et les rotations des cultures permettent notamment de contrôler le ruissellement et l’érosion des sols, de maintenir et d’accroître leur niveau de matière organique et de réduire l’utilisation d’intrants agricoles tels que les fertilisants et les pesticides.

Ces pratiques ont des effets directs sur la gestion et la qualité de l’eau de même que sur la productivité des sols. En plus de favoriser une meilleure adaptation des végétaux aux changements climatiques, les sols permettent de stocker du carbone et d’améliorer la résilience des écosystèmes agricoles.

Il est généralement reconnu que les sols cultivés ayant un taux de matière organique supérieur à 4 % sont moins vulnérables à la dégradation et plus aptes à maintenir leurs fonctions. Actuellement, près de 75 % des sols minéraux du Québec présentent un taux de matière organique supérieur à 4 %.

Améliorer la santé et la conservation des sols fait partie des cinq objectifs clés du PAD. Photo : Shutterstock
Améliorer la santé et la conservation des sols fait partie des cinq objectifs clés du PAD. Photo : Shutterstock

Travaux variés

Quels sont les types de travaux en cours? Impossible de le dire pour le moment puisque nous sommes au début du parcours, selon les experts consultés. Dans le cadre du volet de rétribution pour les actions individuelles, géré par la Financière agricole, le dépôt des projets se fait d’une manière individuelle par les productrices et producteurs. Il est donc difficile de cibler les actions et les mesures qu’ils souhaitent implanter dans leurs champs, explique Salah Zoghlami, directeur des affaires agronomiques chez les Producteurs de grains du Québec. « Les productrices et les producteurs présentent séparément leurs plans de match au chapitre des actions à faire pour leur ferme de façon à répondre aux objectifs du PAD », dit-il. Cela peut être des cultures de couverture, des diversifications de culture, des bandes riveraines élargies, etc.

Ajoutons que ce plan inclut également 30 M$ pour le développement des connaissances en partenariat avec le Fonds de recherche du Québec et de 25 M$ pour le transfert des connaissances, la formation et l’accompagnement. Le plan prévoit également la mise en place de comités et de mécanismes de suivi.

Le type de sol : un facteur important

Le type de sol est un facteur très important qui détermine le succès de la culture sans labour ou du travail réduit du sol.

Par exemple, les sols sablonneux et les loams sableux s’assèchent rapidement au printemps et peuvent être semés plus tôt. Ils sont aussi sujets à l’érosion. Comme la rétention de l’eau de ces sols est critique, ils peuvent bénéficier d’un travail réduit. Une couche de résidus végétaux laissée à la surface du sol aura pour effet de diminuer le ruissellement, d’améliorer l’infiltration et de réduire l’évaporation. Le recours à la culture sans labour et au travail réduit du sol, comparativement au travail conventionnel, permettrait d’égaliser ou d’améliorer le potentiel de rendement des cultures sur ces terres excessivement drainées.

Les sols à texture moyenne tendent à donner de meilleurs rendements s’ils sont soumis à un travail réduit que s’ils sont cultivés sans labour ou avec un travail du sol conventionnel. Une attention spéciale est toutefois nécessaire au printemps pour vérifier si la terre est prête à être travaillée. Il est important de creuser le sol à la profondeur du labour pour voir si la terre est assez friable pour être travaillée. En général, le semis direct, en étant un travail peu profond, peut être effectué deux ou trois jours avant un labour traditionnel dans un système de travail du sol conventionnel. Un semis plus hâtif peut donc procurer un léger avantage du côté du rendement.

En ce qui concerne les sols à texture fine, le travail réduit du sol convient uniquement aux loams argileux bien drainés. Le potentiel de rendement peut égaler celui obtenu avec un travail du sol conventionnel, et le travail réduit du sol favorise la lutte contre l’érosion du sol. Les méthodes de culture sans labour exigent le passage d’un outil à dents.

Selon les experts, le semis direct peut prendre un ou deux ans à démontrer des résultats probants mais à long terme, cette approche moins agressive au niveau du sol est nettement gagnante. Photo : Gracieuseté de John Deere
Selon les experts, le semis direct peut prendre un ou deux ans à démontrer des résultats probants mais à long terme, cette approche moins agressive au niveau du sol est nettement gagnante. Photo : Gracieuseté de John Deere

Travail ou non du sol à l’automne : les facteurs à considérer

Structure du sol

Quantité de résidus en surface

Niveau de drainage du sol

Culture implantée le printemps prochain

Conditions météorologiques à l’automne et au printemps

Robustesse des équipements disponibles 

Les avantages du travail réduit du sol

Profits potentiellement plus élevés attribuables principalement à une diminution des intrants, y compris les coûts associés au carburant, aux machines et à la main-d’œuvre;

Réduction de la dégradation du sol, de l’érosion et du ruissellement;

Amélioration du sol (structure, matière organique), meilleure rétention de l’eau et meilleurs rendements des cultures à long terme, particulièrement au cours des années de sécheresse;

Diminution du lessivage des éléments nutritifs et des produits chimiques;

Rendements comparables avec le temps, mais autant ou plus de dollars par acre;

Meilleures conditions pour les travaux de récolte grâce à l’augmentation de la portance du sol.