Élevage 25 juillet 2022

Le couvoir qui plantait des arbres

Protéger les poules et les coqs grâce aux arbres? C’est l’audacieux pari que veut relever le Couvoir Scott. L’entreprise a lancé depuis le printemps 2020 un important projet d’aménagement de haies brise-vent sur ses installations, une mesure aux retombées multiples. 

À ce jour, l’entreprise a aménagé des haies brise-vent autour de 17 bâtiments et le long des chemins sur ses sites de reproduction, l’équivalent de 5 203 mètres linéaires. « Notre initiative est partie d’un désir d’améliorer l’environnement autour de nos installations, tout en nous investissant dans un projet qui pourrait s’inscrire dans le temps », résume Jérémy Lavoie, directeur des fermes chez Couvoir Scott.

La plantation d’arbres a été réalisée par les employés de l’entreprise. Photos : Gracieusetés du Couvoir Scott
La plantation d’arbres a été réalisée par les employés de l’entreprise. Photos : Gracieusetés du Couvoir Scott

La présence de tels aménagements aurait plusieurs bienfaits, mentionne M. Lavoie. Comme son nom l’indique, une haie brise-vent constitue avant tout une barrière naturelle. « Le long des chemins où il y avait un problème de grands vents, nous avons planté des saules à croissance rapide. En deux ans, ils ont atteint 10 pieds et nous observons déjà une réduction de l’accumulation de neige à ces endroits. »

Les arbres possèdent aussi la faculté d’assainir l’air. « Étant donné que les bâtiments plus anciens sont relativement proches les uns des autres, la plantation de feuillus et de conifères va créer avec le temps un écran végétal permanent qui pourra capter les microparticules rejetées par la ventilation. On veut contribuer à éviter la propagation d’agents pathogènes d’un bâtiment à l’autre, explique-t-il. Les arbres filtreront également les odeurs émises par les activités des fermes. »

Plusieurs bienfaits sont associés aux haies brise-vent. En plus de constituer un obstacle naturel aux grands vents, elles assainissent l’air et favorisent le retour de la biodiversité.
Plusieurs bienfaits sont associés aux haies brise-vent. En plus de constituer un obstacle naturel aux grands vents, elles assainissent l’air et favorisent le retour de la biodiversité.

Par ailleurs, des économies d’environ 10 % sont attendues sur le chauffage des bâtiments lorsque les arbres auront atteint leur maturité. 

Si la majorité des haies sont composées d’arbres d’essences nobles (pins, érables, chênes, etc.), d’autres essences ont été retenues pour leur valeur esthétique et leur capacité à favoriser la biodiversité. Suivant cette logique, le Couvoir Scott a aussi installé des nichoirs destinés à des oiseaux en déclin comme la crécerelle d’Amérique, mais aussi des dortoirs à chauve-souris et des perchoirs pour les oiseaux de proie qui pourront exercer un contrôle sur les insectes.

Cette initiative pourrait s'étendre à d'autres sites des propriétaires du Couvoir Scott.
Cette initiative pourrait s’étendre à d’autres sites des propriétaires du Couvoir Scott.

La présence d’oiseaux sauvages près des bâtiments n’inquiète pas outre mesure Jérémy Lavoie. « Certains de nos bâtiments sont déjà à proximité de forêts et nous n’observons pas de problèmes de cet ordre. Du moment que les règles de biosécurité sont respectées, il n’y a pas d’enjeux. » 

Perchoir à oiseaux de proies.
Perchoir à oiseaux de proies.

De l’argent disponible

Le Couvoir Scott a fait appel à deux programmes gouvernementaux pour financer l’implantation de ses haies brise-vent. Le principal, Prime-Vert du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), couvre jusqu’à 70 % des coûts d’implantation comme l’achat d’arbres, le travail du sol, la pose du paillis de plastique et la main-d’œuvre pour la plantation.

Puisque l’une de leurs installations est située le long de l’autoroute 20 à Saint-Apollinaire, leur conseillère au MAPAQ a contacté le ministère des Transports pour savoir s’il était intéressé à financer les haies qui amélioreraient la sécurité routière. Le Couvoir Scott a donc obtenu un coup de pouce du ministère, en collaboration avec la Fondation de la Faune, qui a couvert le manque à gagner de 30 % pour implanter l’équivalent d’un kilomètre de haies. 

« Au final, ce sont des mesures peu coûteuses qui vont amener plusieurs bienfaits, autant à l’entreprise qu’à l’environnement », souligne Jérémy Lavoie. 


Les POIQ veulent faire leur part pour la biodiversité

Le Couvoir Scott n’est pas le seul acteur du secteur à s’intéresser aux avantages des haies brise-vent. Dans le cadre du Plan d’agriculture durable 2020-2030 du MAPAQ, les Producteurs d’œufs d’incubation du Québec (POIQ) ont formulé l’engagement d’améliorer la biodiversité par l’intermédiaire de ce type d’aménagement agroforestier. « Nous voulons mettre à la disposition des producteurs une expertise dans ce domaine qui soit adaptée à leur réalité », affirme Benoit Michaud, agent de commercialisation aux POIQ. Le Syndicat prévoit qu’à long terme, la présence d’arbres apportera des bénéfices indirects pour le secteur, entre autres en constituant une barrière pour les maladies dans l’air et en attirant des espèces auxiliaires qui pourront exercer un contrôle sur les insectes et les petits rongeurs. 

En collaboration avec le Centre d’enseignement et de recherche en foresterie (CERFO), le projet des POIQ prendra la forme d’un guide d’implantation et de fiches techniques à l’usage des producteurs. Déjà, quelques producteurs ont signalé leur intérêt pour les haies brise-vent.