Vie rurale 6 juin 2022

Comme un électrocardiogramme branché sur une entrée électrique

« Un producteur laitier qui investit dans la génétique, dans la qualité de son troupeau et qui passe au feu, il n’y a pas un chèque d’assurance qui remplace ça », lance Pierre-André Meunier, président fondateur de Prevtech Innovations.

Fondée il y a cinq ans, l’entreprise de Saint-Hyacinthe a mis au point un appareil de surveillance qui, une fois installé sur la principale entrée électrique d’un bâtiment agricole, est en mesure de détecter les anomalies dans le réseau, 24 h sur 24, 365 jours par année.

« Dans une ferme, toutes les composantes sont alimentées par l’électricité. Notre rôle, c’est de sensibiliser le client à l’importance que son réseau électrique soit bien maintenu puis en santé. Notre appareillage est là pour détecter les défauts, les anomalies, les échauffements. Mais on ne se contente pas de signaler le problème, on accompagne le producteur dans la compréhension de ce qui vient d’arriver et on va le suivre jusqu’à la mise en place des mesures correctives », explique l’entrepreneur, qui compare son appareil à un électrocardiogramme branché à un cœur pour en suivre les pulsations. 

Connecté à un nuage par réseau cellulaire pour en assurer l’autonomie, le système relaie en cas de problème une alerte à une centrale qui, à son tour, envoie un courriel ou un texto au producteur et à son électricien.

« Grâce à différents capteurs intelligents disposés stratégiquement à différentes sections du réseau électrique, nous sommes en mesure d’identifier précisément l’endroit problématique. Et si on voit que ça escalade rapidement, on entre directement en communication avec le client pour s’assurer qu’il se rende rapidement à la ferme », explique Pierre-André Meunier, qui a vendu plus de 1 500 appareils Prevtech partout au Canada.

« Le cas qui nous a mis au monde, c’est la Ferme ­Faucher, à Saint-Éphrem en Beauce. Nous avons appelé le propriétaire tard en soirée et il nous a demandé si ça pouvait attendre à demain. On ne l’a pas lâché jusqu’à ce qu’il se rende à l’étable et constate que le feu était pris dans un de ses moteurs », se rappelle le fondateur de Prevtech Innovations, qui estime que de tels cas surviennent deux ou trois fois par semaine parmi le millier de clients équipé de son système.

L’entrepreneur estime que plus de 40 % des incendies dans les bâtiments agricoles sont d’origine électrique. « J’ai démarré l’entreprise en me disant que dans le secteur manufacturier, il n’y a pas un patron qui admettrait que la défaillance d’un de ses moteurs puisse entraîner la perte de son usine par le feu. C’est la même chose pour les fermes, qui sont aujourd’hui de plus en plus équipées et complexes alors que les producteurs sont occupés au champ à semer ou à faucher ou à s’occuper des animaux. »

La solution Prevtech coûte environ 2 185 $, hormis les cinq ou six capteurs intelligents requis et des frais de service d’un peu plus de 1 000 $ annuellement. Par ailleurs, les assureurs accordent en moyenne un rabais de 10 % sur les primes aux producteurs équipés du système.