Élevage 27 avril 2022

Hausse de 100 $ la tonne du prix de la moulée depuis janvier

À l’instar des autres éleveurs, les producteurs de volailles du Québec doivent composer depuis le début de l’année avec une hausse marquée du prix de la moulée.

« Les oiseaux doivent être nourris avec une alimentation riche en protéines et en énergie. Les deux principales composantes de leur moulée sont le maïs et le tourteau de soja, dont les prix ne cessent d’augmenter », explique Renald Mercier, directeur régional, productions porcine et avicole – Région de l’est du Canada pour Trouw Nutrition.

Depuis le début de l’année 2022, il en coûte environ 100 $ de plus la tonne aux éleveurs pour nourrir leurs volailles. « Et plus de la moitié de cette hausse est survenue au cours des dernières semaines dans la foulée de la guerre en Ukraine. Une situation pas facile, déjà qu’en début d’année, le coût des aliments était déjà très élevé comparativement à un an plus tôt. Entre février 2021 et janvier 2022, les producteurs devaient déjà payer environ 50 $ de plus la tonne », poursuit M. Mercier.

Agronome chez Les Consultants Denis Champagne, Stéphane Grondines constate lui aussi que les éleveurs sont soumis à une grande pression depuis plus de deux ans. Seulement en 2020, le prix avait augmenté de 75 $ la tonne. « Le coût de la moulée monte sans arrêt, mais les revenus ne suivent pas. Cela a un impact certain sur les profits », souligne celui dont environ 95 % de la clientèle provient du secteur avicole.

Stéphane Grondines explique en effet que les éleveurs doivent aussi composer avec des abattoirs moins généreux sur les primes versées traditionnellement pour encourager une production de qualité. « Ils ne l’ont pas eu facile avec la COVID-19 et la pénurie de main-d’œuvre. Alors quand c’est plus difficile, c’est les primes qui disparaissent en premier. Le résultat, c’est que les éleveurs de volailles ont moins de revenus. »

Renald Mercier ne veut pas s’avancer quant aux impacts de cette situation sur le coût du poulet une fois que celui-ci arrive dans les marchés d’alimentation. « Entre la ferme, l’abattoir, le réseau de distribution et le détaillant, il y a beaucoup de marge et je ne sais pas ce que les gens vont décider. Seule chose sûre pour le moment, c’est que ça coûte plus cher aux éleveurs pour produire un poulet et que le prix qu’ils recevront va être ajusté en conséquence. Est-ce qu’il va y avoir des effets à l’épicerie? On peut imaginer ce qu’on veut. »

Le propriétaire de la Ferme Tomchyrs à Saint-Boniface, René Gélinas, entretient pour sa part moins de doute. « C’est certain que le consommateur va payer un peu plus cher son poulet cet été, prédit-il. Heureusement, c’est encore le poulet qui offre la meilleure conversion avec 1,5 kg de moulée pour produire 1 kg de chair contre 3 kg pour le porc et 7 kg pour le bœuf », conclut l’éleveur avicole, qui produit près d’un million de volailles par année dans ses poulaillers situés en Mauricie.