Élevage 26 avril 2022

Kystes au bréchet : une piste encourageante

David Robitaille, directeur avicole chez Groupe Robitaille, a commencé il y a un an à appliquer dans ses fermes de dindons les méthodes d’élevage des États-Unis, qui consistent entre autres à mettre plus de litière au départ et à en réutiliser une partie plutôt que de la remplacer complètement après chaque lot.

Problème de bouton de poitrine chez un dindon. Photo : Gracieuseté de Louise Mercier
Problème de bouton de poitrine chez un dindon. Photo : Gracieuseté de Louise Mercier

Depuis, il a réduit les kystes et les boutons des oiseaux de ses lots de moitié et arrive à atteindre la cible de 60 % d’oiseaux de grade A fixée par les abattoirs. Mais cette solution n’est peut-être pas aussi miraculeuse qu’elle le semble, avait prévenu la vétérinaire Louise Mercier dans une présentation faite le 16 décembre dernier sur le problème de kystes au bréchet. Plusieurs variables, dont le climat qui n’est pas le même aux États-Unis et au Québec, les bâtiments et les techniques d’élevage qui varient énormément d’une ferme à l’autre, devaient encore être analysées, selon elle, avant de proposer cette solution à la grandeur de la province.

À la conquête d’un plus grand nombre de données

Nathalie Robin, qui coordonne les travaux du comité sur les boutons et les kystes, mis en place en novembre 2019 par les Éleveurs de volailles du Québec (EVQ), indique que la prochaine étape est d’élargir les données pour approfondir le portrait. « Car ce problème est multifactoriel, souligne-t-elle. Si on veut pouvoir donner des recommandations qui fonctionnent pour tous, il faut pousser l’analyse plus loin et prendre en compte toutes les variables qui peuvent différer d’un élevage à l’autre, comme la ventilation ou la litière, car la combinaison des techniques ne donne pas les mêmes résultats partout. » Dans cet objectif, un formulaire de consentement a été envoyé aux éleveurs afin que ceux-ci s’engagent à fournir aux EVQ leur rapport d’abattage où est signalée la proportion des oiseaux avec des kystes ou des boutons.

De son côté, David Robitaille n’avait pas envie d’attendre la fin de cette analyse pour appliquer la méthode des États-Unis. « On voyait que ça ­fonctionnait bien pour d’autres éleveurs, alors on ne pouvait pas vraiment se permettre d’attendre et de continuer à avoir des pertes liées à ce ­problème. Ce n’est pas très scientifique et ce n’est pas encore parfait, mais ça permet déjà de réduire les kystes et d’atteindre les objectifs des ­abattoirs », juge-t-il. 


Une première hypothèse écartée

En 2019, une première hypothèse traçait un lien possible entre l’humidité de la litière et les kystes de poitrine. Or, selon un rapport des abattoirs et de certains éleveurs, la situation s’était détériorée en 2021 malgré les litières beaucoup plus sèches, rapportait la vétérinaire Louise Mercier, qui siège au comité boutons et kystes des Éleveurs de volailles du Québec, dans un rapport présenté en décembre 2021 sur la situation.