Ma famille agricole 17 avril 2022

Unis par les pommes de terre

Légume le plus consommé au Canada, la pomme de terre est également le légume le plus cultivé au Québec. Parmi les fermes qui font de la province l’un des principaux producteurs de celui-ci se trouve la Ferme Denis Gaudreault et Fils, de Bégin, qui y participe pleinement depuis 1971.

Fiche technique

Nom de la ferme
Denis Gaudreault & Fils

Spécialité
Production de pommes de terre et emballage, avoine

Année de fondation
1971

Nom du propriétaire
Alain Gaudreault

Nombre de générations
2

Superficie en culture
Pommes de terre 142 hectares / avoine 81 hectares

Variétés
Gold Rush, Superior et Vivaldi

Denis Gaudreault est entré dans le monde des pommes de terre par le biais d’un emploi à la Ferme Rivard et Fils durant une saison, explique son fils Alain Gaudreault, le nouveau propriétaire. Alors qu’il a trouvé un autre emploi dans la société d’aluminium Alcan — devenu Rio Tinto Alcan en 2007 —, il a continué de faire ses gammes dans la ferme agricole « les soirs ».

En parallèle, l’employé a vécu une histoire d’amour avec Claudette Rivard. « [Mon beau-père] s’est marié avec Claudette, ma belle-mère, en 1970. C’est l’année d’après qu’il a décidé de se lancer dans l’agriculture », narre au téléphone Corinne Tremblay, administratrice adjointe de l’entreprise et conjointe d’Alain. Pour ce faire, Denis Gaudreault « a acheté une terre cultivable, située dans le 2e Rang, et a démarré son affaire avec la bénédiction de son beau-père Léon Rivard. Il lui a donné des patates grelots », poursuit-elle.

Depuis, la Ferme Denis Gaudreault et Fils s’est spécialisée dans la production de trois variétés de pommes de terre : la Gold Rush — pommes de terre longues —, qui représente 80 % de la production, la Superior — pommes de terre rondes —, qui correspond à 10 % de la culture, et la Vivaldi — pommes de terre jaunes —, qui fait environ 10 % de la culture. 

Expansion et mécanisation

Dès son « jeune âge », Alain Gaudreault s’est impliqué dans la vie de la ferme familiale. « À 14 ans, je conduisais les tracteurs pour le renchaussage, pour faire de la terre nouvelle [notamment] », relate le conjoint de Corinne Tremblay. Il y a appris le métier des pommes de terre et a décidé de ne pas s’en éloigner. « J’ai toujours été attiré par la machinerie », se souvient-il.

En toute logique, il a pris, en 2013, les rênes de l’entreprise et l’a fait entrer dans une autre dimension : achat de nouvelles terres cultivables et mécanisation de la production. « Quand bien qu’il soit peu démonstratif, confie Alain Gaudreault, mon père a toujours été fier que je prenne la relève de l’entreprise et fier de l’expansion et de la modernisation que je lui apporte. » À ce jour, il est le propriétaire d’une ferme agricole de 550 acres (223 hectares).

Denis Gaudreault et Claudette Rivard se sont lancés en agriculture l’année après leur mariage.
Denis Gaudreault et Claudette Rivard se sont lancés en agriculture l’année après leur mariage.

Une agriculture durable

La ferme est située sur une terre riche et argileuse propice à la culture de pomme de terre, explique Corinne Tremblay. Pour ne pas l’appauvrir, la famille Gaudreault a opté pour l’agriculture durable. Ainsi, en plus de la patate, elle y pratique une « culture en rotation avec l’avoine pour ne pas épuiser la matière organique de la terre. Et dans le même temps, elle coupe le cycle de maladie de la pomme de terre », renchérit son conjoint. Cette politique, additionnée à la modernisation de l’entreprise, permet de produire environ 125 000 quintaux de pommes de terre et près de 200 tonnes d’avoine.

Outre la production, la ferme est spécialisée dans l’emballage. Même si leur entreprise est ancrée dans l’ère de la technologie, la famille Gaudreault appréhende le futur en dépit du bon rendement de celle-ci. En effet, « la pénurie de la main-d’œuvre s’accentue », confie Alain Gaudreault. « Nous avons entre 8 et 10 employés, poursuit sa conjointe qui déplore l’instabilité sur ce plan. La technologie c’est bien, mais l’aspect humain est indispensable », conclut-elle.

Alexis, Nathan et Arianne forment la relève potentielle de la ferme.
Alexis, Nathan et Arianne forment la relève potentielle de la ferme.

Une relève à l’horizon?

En couple depuis 2009, Alain Gaudreault et Corinne Tremblay ont deux garçons de 9 et 10 ans. « Pour l’instant, ils sont encore petits. C’est sûr que si l’intérêt est là, on va les encourager », laisse entendre, dans un rire, leur mère, elle-même en voie de devenir copropriétaire. Cette relève pourrait aussi être Ariane Gaudreault. Et pour cause, la fille de la précédente union d’Alain a fait des études en agriculture. S’il admet avoir « été surpris d’apprendre son choix de carrière », il ajoute être « très heureux d’avoir pu lui transmettre sa passion pour l’agriculture ». Il nourrit l’espoir qu’ils puissent « s’accomplir ensemble dans un projet commun dans le futur ». Pour l’heure, elle travaille à La Financière agricole du Québec


Le bon coup de l’entreprise

Face à la pénurie récurrente de main-d’œuvre qualifiée, Corinne Tremblay a fait le grand saut. Elle a quitté son emploi de technologiste médicale en 2013. « Ç’a coïncidé avec mon congé de maternité », se remémore-t-elle. Déjà impliquée dans la vitalité de la ferme avant cette décision, elle devait concilier son travail avec les besoins grandissants de la ferme.

« Je me suis toujours occupé du côté administratif de la ferme, avec le concours de ma belle-mère. Avec l’expansion, mais aussi avec la difficulté d’avoir les congés dans le milieu de la santé, [j’ai fait un choix] », confie-t-elle, satisfaite de ne plus avoir à jongler entre l’hôpital et la ferme. « C’était le meilleur move à faire parce qu’il y a une meilleure qualité de vie au niveau familial, soutient l’administratrice adjointe lorsqu’elle fait la balance de sa décision. De plus, l’entreprise n’a plus à recommencer le processus de formation d’un nouvel employé », conclut-elle.


La mécanisation permet à la ferme de relever de nombreux défis.
La mécanisation permet à la ferme de relever de nombreux défis.

Équipement techno

Toujours habité par le goût de l’innovation, Alain Gaudreault a fait construire un nouveau centre d’emballage en 2017, équipé de technologie moderne dont la famille est bien fière. De plus, pour pallier le manque de main-d’œuvre, la ferme acquiert différentes machines. Elle s’est équipée d’un robot empileur, en 2020, pour empiler les pommes de terre sur les palettes. Puis, l’été dernier, elle « a fait l’acquisition d’une récolteuse automotrice qui va chercher les pommes de terre plus petites au champ et en laisse moins derrière », énumère Corinne Tremblay. Ces acquisitions réduisent les travaux physiques. « On se modernise toujours », insiste-t-elle. 

Benoît Dosseh, collaboration spéciale