Phytoprotection 19 avril 2022

GIEC : Où en sommes-nous?

Le Québec mesure la progression de l’adoption de la gestion intégrée des ennemis des cultures (GIEC) dans huit secteurs de production : la canneberge, les petits fruits, la pomme, les cultures maraîchères, la pomme de terre, les grandes cultures, les pépinières ornementales et les serres ornementales. Pour évaluer cette progression, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation se sert des résultats d’un sondage portant sur différentes pratiques associées à la GIEC. Celui-ci devait être réalisé pour les saisons de culture 2012, 2017 et 2021.

Les derniers résultats disponibles sont ceux du sondage effectué en 2017. Plusieurs constats intéressants s’en dégagent. D’abord, la canneberge, la pomme et la pomme de terre obtiennent les scores globaux les plus élevés en matière de GIEC. Ensuite, les grandes cultures, les pépinières ornementales, les petits fruits et les serres ornementales ont amélioré leur score global d’adoption de la GIEC par rapport à l’année 2012. On remarque également que les grandes cultures semblent progresser un peu moins rapidement que les autres secteurs.

En ce qui concerne les pratiques de GIEC évaluées, on observe une tendance à l’amélioration de certaines d’entre elles par rapport à l’année 2012. Mentionnons l’utilisation de l’outil SAgE pesticides, la gestion du risque de résistance aux pesticides, le réglage du pulvérisateur et l’utilisation de buses antidérives. Toutefois, les pratiques permettant de réduire ou de remplacer les pesticides lors des interventions phytosanitaires demeurent les moins adoptées. Cela est particulièrement vrai pour les cultures maraîchères, les grandes cultures et la pomme de terre, qui représentent plus de 90 % des superficies cultivées visées par le sondage.

Pour améliorer ces résultats, il faudrait plus d’accompagnement auprès des producteurs agricoles pour favoriser l’adoption des pratiques éprouvées. Des solutions de rechange efficaces à l’utilisation des pesticides devront aussi être développées. Enfin, les pratiques préventives, comme la rotation diversifiée des cultures, doivent être mises de l’avant. Par ses différentes mesures, le Plan d’agriculture durable 2020-2030 (bit.ly/3iDKwQQ) contribuera certainement à favoriser l’adoption de ces éléments incontournables pour accroître l’utilisation de la GIEC.

Néanmoins, depuis 2017, plusieurs changements en ce qui concerne la gestion des pesticides sont survenus. L’encadrement réglementaire s’est raffermi, et plusieurs grands projets de transfert des connaissances ont vu le jour, comme des vitrines de régie à moindres risques. Le sondage portant sur la saison de culture 2021, qui sera réalisé tôt ce printemps, aidera à mesurer la portée de ces changements sur l’adoption des pratiques de GIEC. L’ensemble des trois sondages répondra aussi à l’un des indicateurs de la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture 2011-2021 qui portait sur l’évolution de la GIEC.  ­

Marie-Eve Bérubé, agronome, M. Sc., Direction de la phytoprotection, Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation