Régions 31 mars 2022

L’Ukraine inspire une vodka à base de miel à un couple d’apiculteurs

BEAUHARNOIS – Les propriétaires de l’hydromellerie Miel Nature, située à Beauharnois, en Montérégie, ont commercialisé il y a quelques mois ce qu’ils considèrent être l’une des toutes premières vodkas à base de miel au monde.

Elena Remizova, d’origine ukrainienne, et Ali Agougou, d’origine algérienne, se sont rencontrés dans les années 1990 alors qu’ils faisaient leurs études doctorales, respectivement en transformation alimentaire et en chimie alimentaire, à l’Université d’État technologique du Kouban, à Krasnodar dans le sud de la Russie. Quelques années après leur arrivée au Québec, en 1997, et après avoir travaillé dans différentes entreprises agroalimentaires, le couple a acheté la miellerie Miel Nature de Beauharnois. « On se sentait un peu limités quand on travaillait pour d’autres, car c’est dans notre nature d’être toujours en mode recherches. Ici, il n’y a pas une année où on n’innove pas », confie Ali Agougou. La miellerie est devenue une sorte de laboratoire pour le couple, qui y a développé depuis 22 ans une vingtaine d’hydromels et environ cinq spiritueux à base de miel, dont plusieurs ont été primés, notamment par la Finger Lakes International Wine & Spirits Competition.

Leur dernière création, la vodka Saint-Louis, est inspirée de la recette de fabrication du pays d’origine de Mme Remizova. « On a fait plusieurs recherches et analyses pour parvenir à s’approcher de la grande qualité de la vodka ukrainienne », confie-t-elle. Le couple est toutefois resté avare de détails, préférant ne pas révéler les secrets de fabrication, « qui est plus compliquée qu’elle en a l’air », finit par avouer M. Agougou.

Une bière avec ça?

La miellerie compte aujourd’hui un peu plus de 800 ruches installées dans les champs d’agriculteurs des environs. La plus grande partie de la production de miel est vendue directement à la boutique, dans les marchés publics ou dans les commerces de la région. L’autre partie s’en va à la production des divers produits d’hydromel et de spiritueux, tous fabriqués à quelques pas de la boutique. « On a eu plusieurs offres pour exporter certains de nos produits en dehors du Québec, mais on est trop à l’étroit dans le bâtiment où l’on fabrique nos hydromels et on ne peut pas produire plus », précise M. Agougou, qui admet aussi craindre qu’une expansion nuise à la qualité des produits.

Cette limite ne les empêche toutefois pas de poursuivre leurs recherches. Le couple a d’ailleurs dans ses cartons ­l’ouverture d’une brasserie artisanale dans la prochaine année, où il envisage de servir, entre autres, une nouvelle bière à base de miel. 


Touchés par la grande solidarité québécoise

Elena Remizova, copropriétaire de l’hydromellerie Miel Nature, est née et a passé une grande partie de son enfance à Marioupol, en Ukraine. De voir sa ville natale détruite sous les bombes la bouleverse énormément. « C’est sûr qu’il y a des gens que je connais qui sont encore là-bas, même si je ne suis plus en contact avec eux depuis longtemps », confie-t-elle, en précisant que sa mère est venue les rejoindre au Québec et qu’elle n’a maintenant plus de famille proche là-bas. « Ses parents se sont mariés à Odessa, qui est une ville très romantique, mais quand on a vu les missiles tombés là, ouf, ça a fait mal », exprime son mari Ali Agougou.

Dans leur douleur, les deux apiculteurs disent avoir été touchés par la grande solidarité des gens qui sont passés les voir pour leur offrir leur soutien. « J’ai entre autres été marqué par le passage d’un client d’origine tchèque qui nous a offert de faire transiter des membres de notre famille ukrainienne vers des membres de sa propre famille vivant encore dans son pays d’origine. Ça nous a énormément touchés de voir tous ces gens venir nous offrir leur aide comme ça, sans qu’on les connaisse », dit-il.

Elena Remizova s’est inspirée de la recette de vodka de son pays d’origine pour développer, avec l’aide de son mari, la vodka Saint-Louis.
Elena Remizova s’est inspirée de la recette de vodka de son pays d’origine pour développer, avec l’aide de son mari, la vodka Saint-Louis.