Actualités 9 novembre 2021

Bilan des récoltes 2021 : une saison maraîchère « généralement normale »

Les fortes chaleurs en début de saison suivies de pluies abondantes ont donné du fil à retordre aux producteurs maraîchers, qui s’en sont tout de même sortis avec des rendements comparables aux années précédentes.

« Les récoltes varient d’une région, d’une culture et d’un producteur à l’autre. C’est très difficile de faire des généralisations dans le secteur maraîcher », affirme d’emblée Catherine Lessard, agr., directrice économie, politique et recherche à l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ).

Malgré tout, l’APMQ fait état de récoltes globales ni exceptionnelles ni catastrophiques, selon des sondages auprès de ses membres. « Les récoltes ont été ­généralement normales, c’est-à-dire comparables aux années précédentes dans la majorité des cultures. Quelques cultures ont été plus difficiles, notamment le haricot et le panais », résume Mme Lessard.

L’eau, source de soucis

« La première moitié de la saison a été très difficile, voire désastreuse. On a eu beaucoup de pluie en juillet. Pluie et haricots ne font pas bon ménage. Heureusement, les chaleurs d’août ont sauvé la mise », témoigne Stéphane Gosselin, copropriétaire des Haricots de l’Île, à l’Île-d’Orléans. Le maraîcher, dont la culture de 450 acres (182,1 hectares) est destinée au marché frais, affirme ainsi avoir terminé la saison avec des récoltes comparables à la normale. Le plus gros défi des maraîchers cette année a été la gestion de l’eau. La sécheresse en début de saison a forcé de nombreux producteurs à irriguer. « Les producteurs ont utilisé beaucoup d’eau tout au long de la saison pour assurer leur production », indique Mme Lessard.

Si les récoltes sont normales en 2021, les consommateurs semblent être moins au rendez-vous cette année.
Si les récoltes sont normales en 2021, les consommateurs semblent être moins au rendez-vous cette année.

« J’ai irrigué comme jamais cet été », confirme Dominique Duval, propriétaire de la Ferme Lidom, à Saint-Lin dans Lanaudière. Ce dernier affirme avoir eu de très bonnes récoltes de panais justement grâce à un bon apport en eau dès le départ. Mais d’autres producteurs de ce légume racine n’ont pas eu le même rendement en raison d’un manque d’eau, « probablement au deuxième semis en mai », a pu constater M. Duval.

La sécheresse a cependant réduit de moitié ses récoltes de carottes, cultivées sur 18 hectares. « Les graines ont germé, mais elles ont séché aussitôt », précise M. Duval. En revanche, « les récoltes d’automne s’avèrent exceptionnelles cette année, notamment dans le chou ­d’hiver », se réjouit le maraîcher. Ce succès est ­attribuable aux précipitations des dernières semaines et à la chaleur qui a perduré.

Dans cette même région, ce sont des pluies fortes et abondantes qui ont causé du tort à certaines cultures. À Sainte-Élisabeth, une forte averse a affecté les plantations de brocolis et de pois de la Ferme Coubi, qui avaient jusque-là été épargnés grâce au système d’irrigation. « Environ 60 millimètres de pluie sont tombés en moins d’une heure. Les champs étaient inondés. Nos pois ont été asphyxiés », raconte Pierre Coutu, copropriétaire de cette production maraîchère et de grandes cultures bio.

Ce dernier s’est dit également déçu de sa récolte de ­brocolis, qui se portait pourtant très bien en début de saison. « Le champ était beau, mais la forte pluie a blessé les feuilles. La maladie Alternaria a attaqué nos ­brocolis. On s’attendait à un rendement de 115 %. On a fait 69 % », se désole-t-il.

L’irrigation a été salvatrice pour plusieurs cultures, alors que les précipitations se sont faites rares durant une grande partie de la saison.
L’irrigation a été salvatrice pour plusieurs cultures, alors que les précipitations se sont faites rares durant une grande partie de la saison.

Ravageurs au rendez-vous

Autre effet de la chaleur hâtive : la présence importante ­d’insectes ravageurs. « Il y a eu une pression d’insectes assez élevée pour plusieurs cultures », note Catherine Lessard.

Stéphane Gosselin rapporte un peu plus de pucerons du soya dans ses champs de haricots à l’Île-d’Orléans, mais sans plus. « Dans la région de Québec, on a toujours 3-4 degrés de différence. Ça a joué en notre faveur », dit le producteur, qui s’estime chanceux comparativement à ses homologues au sud de Montréal qui semblent avoir été plus affectés par la chaleur et les insectes.

Surplus à prévoir

En 2020, l’engouement pour les produits locaux a été profitable aux producteurs maraîchers. Cette année, plusieurs d’entre eux doivent jongler avec des surplus de récoltes en raison d’une baisse des ventes en épicerie. Catherine Lessard cite des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement de grands détaillants. « Dans certains cas, les produits étaient au champ, mais ils n’ont pas été capables de se rendre jusqu’aux tablettes des épiceries. Quand il n’y a pas de produits, les consommateurs en achètent moins », explique-t-elle. Même son de cloche pour les kiosques en bord de route. « Les producteurs ont observé que les consommateurs étaient moins au rendez-vous », conclut Mme Lessard.

Marilynn Guay Racicot, collaboration spéciale