Vie rurale 25 octobre 2021

Il manque de plantes produites au Québec

Depuis au moins cinq ans, l’engouement des consommateurs pour les plantes se fait sentir. Les Producteurs en serre du Québec (PSQ) et la Table filière d’horticulture ornementale aimeraient que la province soit plus autosuffisante et importe moins ces végétaux. Une étude réalisée l’an dernier a permis d’établir que les plantes vertes et les succulentes avaient un potentiel d’être cultivées au Québec.

Les plantes d’intérieur produites au Québec offriraient un bon potentiel de développement.
Les plantes d’intérieur produites au Québec offriraient un bon potentiel de développement.

« Comme la demande est partout, les fournisseurs manquent de stock. Les distributeurs ont plus de difficulté à trouver certaines plantes. Ça crée de la pression et fait monter les prix. C’est l’opportunité pour les producteurs en serre d’être plus compétitifs », estime Nathalie Deschênes, responsable de la Table filière de l’horticulture ornementale du Québec. Elle ajoute que les consommateurs recherchent eux aussi les produits locaux et que, selon un sondage, une grande majorité est prête à payer plus cher pour des végétaux du Québec.

La productrice Stéphanie Colassin, de Saint-Anicet en Montérégie, estime que la qualité du produit et le service après-vente peuvent justifier un prix plus élevé. « C’est la différence entre les grandes surfaces et les boutiques », affirme-t-elle.

Les défis d’être 100 % local

Celle qui a lancé l’entreprise Scol horticulture durant la pandémie aimerait atteindre d’ici la fin 2022 une production de plantes tropicales 100 % locale. Elle a déjà commencé sa production de fleurs à partir de plantes mères provenant de la Floride. « Je n’ai pas le choix [de les importer] », affirme Mme Colassin, qui a suivi une formation en horticulture et jardin. Elle les fait monter en fleurs dans une serre et récolte les semences afin de faire d’autres pousses. Ce processus prend un certain temps, mais elle n’aura ensuite plus à les importer.

Trouver le matériel localement, mais surtout le financement pour l’acheter, représente les principaux défis. « Pour avoir un rabais, il faut acheter en grande quantité. Par exemple du terreau, il faut débourser 25 000 $. Il y a beaucoup d’investissement de départ », indique l’horticultrice, qui a délaissé un emploi en restauration pour lancer son entreprise durant la pandémie. La livraison est aussi une embûche puisqu’elle est chère et les plantes doivent être traitées avec délicatesse. Comme son entreprise est récente, elle n’a pas accès à toutes les subventions et s’est tournée vers la plateforme de financement La Ruche pour s’aider dans le démarrage.

Une culture de plantes à l’année à l’étude

Les Producteurs en serre du Québec (PSQ) ont obtenu une subvention afin de réaliser une étude qui permettra de déterminer quelles variétés peuvent être produites ici et être rentables. Elle étudiera aussi la possibilité de cultiver des plantes en serre à l’année. « De juillet à novembre, il n’y a pas grand-chose. On cherche à voir si on ne peut pas produire des plantes vertes », indique Claude Laniel, directeur général des PSQ. Selon Nathalie Deschênes, de la Table filière de l’horticulture ornementale du Québec, produire à l’année serait « bon pour la rentabilité d’une entreprise et la rétention des employés ». Cette dernière rêve qu’un jour, les gens attendent « l’arrivage de plantes du Québec », comme ils attendent celui des fraises.


Une version hybride de l’Expo Québec Vert
L’Expo Québec Vert, le salon de l’horticulture et du paysage, propose deux rendez-vous cette année. L’un en présence physique du 3 au 5 novembre à Saint-Hyacinthe, avec des exposants et une quarantaine de conférences, puis l’autre rendez-vous se tiendra en virtuel, la semaine suivante, soit du 9 au 11 novembre. « Ça permet à certaines personnes de régions éloignées d’y participer aussi », indique la directrice adjointe de Québec Vert, Nathalie Deschênes. Cette formule pourrait être reprise dans l’avenir selon la popularité. Une trentaine de conférences et des ateliers sont au programme.