Actualités 7 septembre 2021

Le contrôle mécanique des mauvaises herbes comme solution pour la réduction des herbicides (partie 3)

Les principaux outils de contrôle mécanique utilisés en grandes cultures ont été présentés dans les deux chroniques précédentes. La gestion des mauvaises herbes nécessite des interventions régulières en fonction des cultures implantées. De même, la gestion intégrée à la ferme vise à réduire au minimum l’utilisation des herbicides tout en maintenant les rendements économiques.

Les moments d’intervention

Pré-semis : L’objectif est de contrôler les adventices. La pratique d’un faux semis par exemple permet de soulever le sol afin d’extirper les mauvaises herbes ou les rhizomes de chiendent pour les exposer au soleil. On peut également utiliser une herse ou un porte-outil avec un décapeur afin de libérer la bande de semis des mauvaises herbes avant de semer.

Semis : L’unité de décapage peut être utilisée directement sur un semoir en rangs afin de dégager la ligne de semis. Les entre-rangs pourront être traités à la même occasion avec des outils de sarclage.

Prélevée : La houe ou le peigne sont utilisés pour un contrôle mécanique en plein champ. Le dépistage revêt une importance capitale afin de prendre la décision de procéder ou non au contrôle mécanique. Il ne faut pas hésiter à faire des vérifications au sol; le fait de soulever manuellement un peu de sol permet de voir s’il y a des fils blancs.

Post-levée : La houe rotative ou le peigne sont utilisés en plein champ, alors que les sarcleurs contrôlent les entre-rangs.

Récolte : Le fait de faucher avant la maturité des mauvaises herbes est aussi un contrôle mécanique. On intervient au moment de la récolte dans le cas de cultures de plantes pérennes ou si on effectue une rotation avec une culture à courte rotation.

Post-récolte : S’il y a présence de mauvaises herbes vivaces, on peut faire un déchaumage superficiel avec une patte d’oie ou une déchaumeuse à dents. On va ainsi épuiser les mauvaises herbes en les faisant sécher au soleil. Il peut être intéressant lors de cette ­intervention d’implanter une culture de couverture pour occuper l’espace et limiter les mauvaises herbes. En prime, la culture de couverture apportera des bienfaits au sol et à l’environnement.

Le concept de lutte intégrée

Les connaissances : L’agriculteur doit posséder des connaissances sur le plan de la physiologie des plantes et des mauvaises herbes.

La prévention : Il doit tenir compte de l’environnement complet (fertilisation, rotation des cultures, choix des cultures, type de sol, aménagement de la terre, fertilité du sol, etc.). Comme la nature a horreur du vide, s’assurer d’occuper le territoire permet d’empêcher les mauvaises herbes de s’installer. La rotation et la diversification des cultures permettent de contrôler les mauvaises herbes. Une cellule d’innovation à la ferme permet de faire des essais et d’apprendre à mieux maîtriser ses interventions.

Le dépistage : Il faut aller au champ, se mettre à genoux afin de gratter et d’observer le sol. Il faut éviter de faire du dépistage en demeurant au bout du champ dans sa camionnette.

Le seuil d’intervention : L’agriculteur doit déterminer le seuil d’intervention de son entreprise, c’est-à-dire le moment où un contrôle chimique sera envisagé en raison de l’abondance des mauvaises herbes. Le seuil ­d’intervention correspond au moment où un effet négatif est potentiel sur les rendements de la culture.

Le registre des données : La collecte de données est importante. Les informations recueillies doivent être colligées dans un registre.

Le suivi et la réévaluation : Après une intervention, il faut retourner au champ et procéder à une analyse et à une synthèse. La rétroaction est indispensable.

Le contrôle mécanique des mauvaises herbes n’est pas la solution à tous les problèmes d’infestation. Il s’agit d’une technique rentable et efficace dans les champs qui sont peu à modérément infestés de mauvaises herbes. Pour avoir une efficacité optimale, le contrôle mécanique doit être utilisé en combinaison avec le dépistage des champs et un ensemble de mesures préventives. Quoi qu’il en soit, le contrôle mécanique fait partie de la solution de la lutte intégrée à la ferme. Il faut oser, consulter, questionner, voir et essayer pour s’améliorer. 

Vincent Lamarre, professeur en Gestion et technologies ­d’entreprise agricole à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec, campus de La Pocatière, et professeur associé à Biopterre