Forêts 15 juillet 2021

Quand l’achat d’une érablière tourne au vinaigre

Yannick Papineau a reçu toute une douche d’eau froide dernièrement lorsqu’il a compris que l’érablière qu’il venait d’acheter en mars est infestée de nerprun bourdaine, une plante envahissante exotique qui étouffe la régénération naturelle.

« Quand j’ai fait visiter mon érablière à l’un de mes amis qui a aussi une érablière, il m’a dit « hé calvaire, tu en as plus que chez nous! » J’ai validé auprès de trois sources et c’est bien du nerprun. Il y en a partout. Une vraie cochonnerie », se désole-t-il. La situation est telle que s’il pouvait revenir dans le passé, il n’achèterait pas cette érablière ou il demanderait une baisse majeure de prix.

L’enfer

Pourtant, Yannick Papineau n’est pas le dernier venu en acériculture. Il connaît bien la forêt et travaille pour un autre acériculteur qui possède 30 000 entailles. « Je ne me suis pas méfié. Quand j’ai visité il y avait de la neige; je voyais que l’érablière était sale, mais j’étais certain que c’étaient des cerisiers d’automne. C’est presque le même tronc que le nerprun et avec la surenchère des érablières, les ventes se font vite. Si je ne l’achetais pas après la visite, elle partait le lendemain », relate-t-il. Depuis deux mois, le nerprun occupe ses pensées… et son temps. « Je suis sur la débroussailleuse à temps plein. Il me reste deux à trois semaines avant que les fruits des nerpruns deviennent matures, alors je coupe. C’est envahissant pas à peu près. Ceux que j’ai coupés il y a un mois ont déjà retigé et font 30 cm. C’est l’enfer! »

Il consacrera au total une cinquantaine d’heures de débrousailleuse cette année pour raser les nerpruns dans son érablière de 1 100 entailles. L’an prochain, les tiges seront plus petites; il les coupera de nouveau et aspergera un herbicide biologique. Chose certaine, il n’installera pas de tubulure tant que le nerprun ne sera pas contrôlé. Mais il ne rêve pas en couleurs. « C’est écrit dans le ciel que je vais toujours avoir du trouble avec le nerprun et que je devrai repasser [avec la débroussailleuse et l’herbicide] », dit-il, déçu. Si bien qu’il pense à vendre. « Quelqu’un qui arriverait et me ferait une offre, je ne lui dirais pas non », résume-t-il.