Économie 15 juillet 2021

Se faire payer pour semer du blé d’automne

La Ville de Granby subventionne les cultures de couverture et même le blé d’automne. Les agriculteurs reçoivent donc une subvention allant jusqu’à 100 $ l’hectare pour les vertus environnementales de cette culture en plus de pouvoir vendre la récolte à plein prix; un double avantage, souligne l’agronome Élisabeth Vachon.

« C’est fantastique! Ça devrait être subventionné partout comme ça », dit celle qui fait la promotion depuis des années de la culture du blé d’automne afin d’approvisionner les Moulins de Soulanges, une entreprise qui achète du blé pour produire de la farine québécoise. Rappelons que le ministère de l’Agriculture du Québec subventionne les semis de plantes de couverture, mais pas le blé d’automne, puisqu’il est récolté. Élisabeth Vachon précise que pour les producteurs de Granby, les conditions monétaires sont plus avantageuses que jamais pour semer du blé à l’automne.

« En plus de la subvention de la Ville, le producteur n’a pratiquement plus de risque puisque La Financière [agricole du Québec] couvre maintenant plus de 40 % de la mortalité [pertes occasionnées par le gel]. Semer du blé d’automne offre généralement plus de rendement aux producteurs et moins de risques de toxine que le blé semé au printemps. De plus, il nécessite moins d’herbicides et protège contre l’érosion et améliore la structure du sol. C’est juste plein d’avantages », énumère-t-elle.

Pas populaire

L’agronome espère qu’une subvention comme celle de Granby pourra stimuler la motivation des producteurs, car présentement elle constate que malgré les efforts de promotion, la culture du blé n’est pas populaire au sud du Québec. « Pourtant, c’est bien documenté qu’insérer une céréale dans une rotation de maïs-soya, ça vient vraiment augmenter les rendements de la culture qui suit la céréale », appuie-t-elle. Des vitrines de démonstration sur les céréales d’automne sont en cours dans une dizaine de régions du Québec.

Le responsable, Francis Allard, indique que sur les sites analysés l’an dernier, les rendements pour le blé d’automne ont été entre 25 à 40 % plus élevés que dans les champs de céréales semés au printemps. Il s’attend à des gains de rendements similaires cette année et analysera la rentabilité du blé d’automne lors des deux dernières années, ce qui devrait surprendre bien des gens, assure le professionnel de recherche à l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA).